Une demande de suspension des travaux de la véloroute près de Corre
Archéologie. Une conférence de presse a été organisée à Corre, vendredi 25 août concernant l’aménagement de la véloroute V50 (ou Voie bleue) entre Corre et Cendrecourt. Des ONG, dont France Nature Environnement, demandent la suspension des travaux pour réaliser des fouilles archéologiques. Ils signalent l’existence d’un dallage datant de la construction du canal en 1850 au lieu-dit Moulin de la Minelle sur la commune de Corre.
Des spécialistes et archéologues locaux ont fait savoir qu’il n’était pas possible de dater ce dallage. Il peut très bien dater de la construction du canal, comme il peut être très antérieur à sa construction. D’après eux, l’emplacement de ce pavage n’étant pas sur une portion canalisée de la Saône, il n’a pas forcément de rapport avec la construction du canal, ce pavage peut être alors plus ancien, et sa valeur patrimoniale en être plus grande. Les documents de recherches indiquent que « Corre connaît son véritable développement à partir de la période gallo-romaine, vraisemblablement en tant qu’agglomération carrefour ». En 2016, une campagne LiDAR dans la région confirme l’existence à Corre au nord de plusieurs voies romaines dont une principale de plusieurs dizaines de kilomètres de long et 40 mètres de large, bordée par des fossés rectilignes et au sud d’un site gallo-romain de grande dimension constitué d’une villa romaine et de structures non encore déterminées en connexion avec la Saône.
Le riche passé gallo-romain de Corre
L’ensemble de ces structures est à proximité immédiate de la future portion cyclable de Corre Ormoy au droit du moulin de la Minelle, où ont été découvertes, justement, ces dalles. Une des fondations coupe même la future véloroute.La structure du pavage découvert pose également question. Contrairement aux portions de dallages aval découverts lors des récents travaux de la véloroute (Conflandey, Jussey) au profil plat, la portion de dallage découverte sur Corre et Ormoy a un profil bombé au centre comme ceux retrouvés sur la voie antique la plus importante partant au nord. L’épaisseur des pierres est aussi beaucoup plus importante. Il y a de fortes probabilités pour que ce pavage soit donc finalement plus ancien. Seules des fouilles précises – notamment sur la nature des couches d’empierrement sous le pavage – permettront d’en savoir plus.
Jean-Pierre Kerrio, de l’Association des 3 Provinces, habitant de Corre, féru d’histoire, a confirmé tous ces éléments en insistant sur l’importance de Corre à l’époque gallo-romaine. Il précise : « La présence d’une voie de portage romaine rectiligne entre la Saône et la Moselle, les découvertes des mobiliers retrouvés depuis trois siècles (buste de cheval, stèle…) qui font actuellement la richesse du musée Garret de Vesoul, la présence d’une villa romaine, de structures de fondations non encore déterminées et d’un port antique classent Corre comme une agglomération secondaire gallo-romaine ». Compte-tenu de ces constatations, les ONG demandent notamment au préfet de Haute-Saône et au préfet coordinateur de Bassin « la suspension des travaux et la mise en place de fouilles archéologiques conformément au code du patrimoine avec des mesures de protection à la clef ».