Une belle histoire – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est une belle histoire. Qui commençait pourtant mal. C’est l’histoire d’un gamin de 13 ans qui fuit son pays – la Géorgie – avec sa mère en 2009, pour arriver en France en 2010. Puis se voit naturaliser en 2015. Ce que d’aucuns déplaceraient sur le plan politique pour dénoncer la tradition par trop humaniste de la France. Cette tradition d’accueil que certains rendent responsable de tous les maux.
C’est l’histoire de Luka Mkheidze, arrivé de Tbilissi sans connaître un mot de notre langue. L’histoire d’un petit gabarit – moins de 60 kilos – mais d’un grand champion de judo qui a offert à la France la première médaille de ces Jeux si particuliers.
C’est l’histoire d’un sportif de haut niveau qui, avec ce petit accent géorgien qui ne disparaîtra sans doute pas, remercie le pays qui lui a permis de vivre sa passion. De vivre, même, tout simplement. De décrocher l’argent aux derniers championnats d’Europe. Puis le bronze à ces JO de Tokyo, qui plus est pour sa première participation.
Les Jeux commencent à peine. Bien sûr, ils se dérouleront dans un contexte unique. Mais finalement, c’est peut-être cela qui rend ou rendra les exploits encore plus grands : savoir aller chercher au fond de soi ce que le public et/ou l’ambiance n’offre pas. Décrocher la Lune sans pouvoir se sentir porté par les encouragements.
L’histoire – des JO cette fois – retiendra que Mkheidze a été le premier Français à décrocher une médaille lors de cette édition nippone des Olympiades. Traditionnellement, celui qui débloque le compteur pour son pays est un peu un déclencheur pour les autres membres de sa délégation. On ne peut que le souhaiter, alors que se profilent, déjà, les finales en natation et que nombre d’autres Bleus peuvent prétendre à des podiums dans bien des disciplines.