Une affaire singulière – L’édito de Patrice Chabanet
Le procès de Jonathann Daval a eu un écho que seules les affaires hors normes provoquent dans l’opinion publique. Mais l’hypermédiatisation dont il a fait l’objet a sans doute des explications plus triviales. Elle a permis, quelques jours durant, d’intercaler un autre sujet entre le suivi de la Covid et le terrorisme. Un positionnement largement exploité par les chaînes d’information en continu.
L’affaire elle-même avait tous les ingrédients d’un feuilleton à rebondissements. Le personnage principal, Jonathann Daval, a su passer devant la France entière pour une victime, sanglots dans la voix assurés et gestes protecteurs et affectueux de ses beaux-parents. Pendant ce temps, loin des caméras, les gendarmes ont accumulé un faisceau d’indices mettant en doute l’innocence du gendre modèle. Un joli travail de professionnels. Le fruit était mûr pour confondre Jonathann Daval. L’homme ne pouvait que reconnaître le meurtre. Du bout des lèvres. Une dispute qui a mal tourné, s’est-il défendu, sans vraiment convaincre. On n’étrangle pas sa femme pendant quatre minutes par simple pulsion. La messe était dite.
La singularité du procès est sa haute tenue. Malgré la gravité des actes reprochés à l’accusé et l’hyperpression médiatique, nul clash, nul incident de procédure n’est venu troubler les travaux du tribunal. Le jugement a été accepté par les deux parties. Sérénité pour une affaire qui en était dépourvue.
La parenthèse Daval va donc se refermer – avant l’inévitable publication d’ouvrages qui lui seront consacrés – et l’actualité va reprendre son cours et ses feuilletons. Celui des vaccins anti-Covid semble prometteur, si l’on ose dire. En toute sérénité ? A voir.