Un vent d’espoir – L’édito de Patrice Chabanet
Les derniers sondages le donnent perdant. Mais Trump a plus d’un tour dans son sac. Surtout, le précédent de 2016 a traumatisé les instituts spécialisés dans la prévision électorale. Cette fois-ci, les précautions oratoires entourent la publication des dernières tendances qui donnent Biden gagnant. Or, par rapport à la dernière consultation présidentielle, le candidat démocrate paraît mieux placé que le président sortant. Mais comme dans un réflexe superstitieux, les paris restent largement ouverts, alimentés par l’explosion des votes par correspondance.
Il n’empêche, l’espoir est solidement accroché dans le camp des adversaires de Trump : sa mauvaise gestion de la crise sanitaire, l’état calamiteux du système de santé qu’elle a révélée, son cousinage avec les groupes suprémacistes et ses outrances de langage indignes du chef de la première puissance mondiale ont altéré son image, et cela malgré un socle solide de partisans. Jamais depuis le lancement de la campagne, il n’est passé, dans les sondages, devant Biden, terne candidat au demeurant. C’est un signe.
Sur le plan international, rares sont les chefs d’Etat qui souhaitent sa réélection. Il y a son clone brésilien, Bolsonaro et dans une moindre mesure le Premier ministre britannique Boris Johnson. C’est peu pour faire de l’Amérique un pays « great again ». Les Européens ne sont pas forcément sur la même ligne idéologique que Biden. Mais ils comptent sur la définition d’une stratégie claire dans les rapports des Etats-Unis avec le Vieux continent et le renforcement des liens des deux côtés de l’Atlantique. Pendant quatre ans ils ont eu droit au coup du mépris ou à la menace de sanctions commerciales pour un oui ou pour un non. La dévitalisation de l’Otan constitue la marque de ce désintérêt permanent pour ce que nous sommes et nous représentons. Or dans une période de tensions exacerbées, l’alliance et la complicité des Européens et des Américains est plus que nécessaire. La page qui a des chances de se tourner demain permet de l’espérer.