Un tsunami politique en Haute-Marne
Marine Le Pen avait réalisé des scores historiques en Haute-Marne à la présidentielle. Le Rassemblement national a transformé l’essai ce dimanche en s’imposant dans les deux circonscriptions, balayant l’ex-secrétaire d’Etat Bérangère Abba et François Cornut-Gentille. La Haute-Marne compte deux nouveaux députés : Laurence Robert-Dehault et Christophe Bentz.
C’est comme dans un match de rugby. Quand les avants poussent et remettent sans cesse le métier sur l’ouvrage, les lignes arrière finissent par céder. A force de gagner du terrain, de s’ancrer, le Rassemblement national a fini par transformer l’essai en Haute-Marne. Qui plus est dans une élection qui ne lui est d’ordinaire pas favorable du fait du mode de scrutin.
Mais, ça aussi, c’était avant. Comme feu le front républicain qui avait un effet : le Front national devenu Rassemblement national peinait à gagner des élections, n’arrivait à installer que quelques députés au Palais Bourbon car toutes les autres formations politiques s’alliaient pour lui faire échec. C’en est fini. Et les députés RN seront 89 dans la prochaine assemblée. Dont les deux députés de Haute-Marne.
Coup double
Jamais le Front national n’avait réussi à faire élire un député dans notre département, ni même aucun parlementaire. Il fait coup double ce dimanche avec l’élection de Christophe Bentz dans la première circonscription et de Laurence Robert-Dehault dans la deuxième. Si le premier était encore inconnu en Haute-Marne il y a quelque semaines, habitant à Saint-Germain-en-Laye, la seconde, établie à Louvemont, est conseillère départementale depuis sept ans. Ils sont les nouveaux visages de la Haute-Marne à l’assemblée nationale pour les cinq ans qui viennent.
Le département faisait partie des deux ou trois territoires qui avaient le plus voté pour Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle en avril (56,96 % au deuxième tour), il entre désormais dans le cercle de ceux qui lui confient leurs circonscriptions. Deux circonscriptions sur trois dans l’Aube sont aussi aux mains du RN, trois sur cinq dans l’Aisne…
Un vent de « dégagisme »
Si le scrutin de ce dimanche restera gravé comme un vote historique, c’est aussi et surtout parce qu’il renvoie à la maison les deux députés sortants. Et pas des moindres. François Cornut-Gentille, qui il y a cinq ans battait son adversaire FN avec plus de 61 % des voix. Qui était élu au Palais Bourbon depuis 1993. Que d’aucuns croyaient inamovible.
Un vent de dégagisme a soufflé fort dans le nord du département mais il n’a pas épargné le sud et le centre de la Haute-Marne. Car, si Bérangère Abba est jeune en politique, il y a un mois, celle qui a connu une ascension politique fulgurante était encore membre du gouvernement, secrétaire d’Etat à la biodiversité. Les deux députés sortants font les frais d’une situation locale qui n’est pas nouvelle mais qu’il faudra profondément analyser.
Céline Clément