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Un touriste nommé Stendhal

Stendhal a narré son passage de mai 1837 à Langres dans son ouvrage “Mémoires d’un Touriste”.

DRÔLES D’HISTOIRES (4). Langres, cité plus de deux fois millénaire, fourmille, au fil des siècles de sa légende, d’Histoire… et d’histoires. Où les faits les plus étonnants côtoient les plus graves… comme les plus drôlatiques. Aujourd’hui, la visite d’un des plus éminents touristes ayant séjourné à Langres, celle de l’écrivain Stendhal, que celui-ci narrera ensuite dans son ouvrage “Mémoires d’un Touriste”.

C’est un touriste pas comme les autres qui se promène tranquillement à Langres, en 1837. Bien plus connu sous son nom de plume de Stendhal, Henry Beyle entreprend, cette année-là, de nombreux périples qu’il narrera ensuite dans un recueil sobrement intitulé Mémoires d’un Touriste. En Haute-Marne au début du mois de mai 1837, il fait un fugace passage dans la cité langroise le 5, avant de finalement y rester la journée complète le 9.

Et il a visiblement apprécié sa visite touristique. En arrivant dans sa calèche, Stendhal est impressionné par la hauteur de la cité — « Le postillon me dit qu’après Briançon c’est la ville de France la plus élevée » — qu’il compare alors à celle de Constantine. Il est particulièrement subjugué par la cathédrale Saint-Mammès, mis à part le portail qu’il qualifie de « ridicule ouvrage du XVIIIe siècle ». Etrangement, il mentionne le jubé, « en forme d’arc de triomphe », qui a pourtant été démoli en 1791.

Langres jalouse aux yeux de Stendhal

L’auteur de La Chartreuse de Parme dénonce ensuite « le vent très froid » qui sévissait encore en ce printemps bien avancé — voilà qui, bien avant l’existence des bulletins météorologiques, taillait déjà une certaine réputation à Langres —, avant de s’extasier sur les fortifications, notamment « quatre pilastres corinthiens construits avec beaucoup de soin ». Ce constat gallo-romain le conduit à se souvenir de la légende d’Eponine et de Sabinus, qui lui fut enseignée au collège : « La seule histoire touchante que nos maîtres pédants n’eussent pas proscrite ». Apprenant que Langres n’était jamais tombée, Stendhal se réjouit ensuite de la complétion en cours des fortifications : « En cas de guerre, les braves gens de ce pays se chargeraient de défendre leur ville ».

Par la suite, l’écrivain découvre avec ravissement l’ensemble de la cité. « Admirant » la promenade de Blanchefontaine et ses « beaux arbres », ainsi que les « rues assez jolies », il s’étonne du nombre extraordinaire, à l’époque, de couteliers, présents « de toutes parts ». Ce constat lui fait penser à Didier Diderot, père coutelier de Denis, et il conclut l’écriture de ces quelques pages sur Langres par un hommage appuyé à l’Encyclopédiste. Non sans une dernière sentence, soudainement sortie de sa plume : « Langres est fort jalouse de Chaumont ». Un égarement qui est sans doute le fruit de la brièveté de son passage en Haute-Marne. Nul doute que Stendhal aurait, sinon, fini par dresser le constat inverse…

N. C.

n.corte@jhm.fr

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