Un soin pour les femmes, par les femmes

Charline Bailly et Fanélie, sa sœur, proposent aux femmes des soins rebozo, un moment pour prendre soin d’elles, hors du temps. Il est indiqué après un moment fort de la vie et n’est jamais dénué d’émotions. Explications.

« Dire ce qu’on fait est difficile car ça va être différent pour chaque femme et chaque soin », note Charline Bailly, de l’entreprise Baby cocoon. Depuis un peu plus d’un an, elle pratique, avec l’aide de sa sœur Fanélie, le soin rebozo à Chaumont, en cabinet ou à domicile. Il est unique dans le département. Alors qu’il est traditionnellement indiqué aux femmes venant d’accoucher (voir encadré), il a été occidentalisé. Aujourd’hui et en Europe, il est pratiqué dans n’importe quelle étape importante des femmes, quel que soit leur âge. Une naissance effectivement mais aussi un mariage, les premières règles, la retraite, la perte d’un mari, la stérilité, un déménagement, l’année de terminale… « A chacune de voir quelle intention elle souhaite mettre dans ce soin », explique la praticienne.

Une séance, en pratique, se déroule toujours de la même façon. Dans un premier temps, Fanélie et Charline proposent un temps d’accueil. La femme pourra se présenter, parler de l’intention qu’elle pose sur ce soin, poser des questions. Les professionnelles vont, quant à elles, lui expliquer le déroulé du soin rebozo. « Il est important pour elle qu’elle comprenne qu’elle est dans un espace sécurisé et que tout ce qui sera dit, ou tout ce qu’il s’y passera, sera pris avec bienveillance, sans jugements ». Au fil du soin, il n’est pas rare que des émotions surgissent.

Une tisane pour réchauffer le corps de l’intérieur

Pendant ce temps d’échanges, les trois femmes boivent une tisane, préparée par Fanélie et Charline et infusée depuis la veille. Elle est composée de cannelle, de romarin, de miel et de piment. « J’ai envie de dire qu’elle a le goût dont les femmes ont besoin. Elle va venir réchauffer le corps de l’intérieur pour y faire circuler l’énergie. »

Vient ensuite le soin en lui-même, dans la pénombre et sans musique pour chercher le calme complet. La femme va se positionner sur la table de massage où un massage à quatre mains lui sera donné. « Le fait qu’on le donne à deux, avec des mouvements non coordonnés, va permettre au cerveau de la cliente de déconnecter. Les idées viendront et repartiront aussi vite, sans se fixer. » La femme passera ensuite dans le hammam portatif. À elle de choisir la durée qui lui convient. Puis retour sur la table pour un enveloppé. « On l’enveloppe dans des plaids, très chaudement. Elle va s’y sentir en sécurité. Là encore, elle reste ainsi le temps dont elle a besoin. » Dernière étape : le serrage. Fanélie et Charline sont chacune d’un côté de la table et, à l’aide du tissu rebozo, elles serrent, une à une, toutes les parties du corps de la femme, de la tête aux pieds. À elle de choisir la puissance de serrage et la durée.

A la fin, les trois femmes peuvent débriefer, échanger si besoin, boire à nouveau de la tisane. Temps du soin : environ deux heures. « C’est vraiment une parenthèse dans la vie des femmes. Deux heures pour elles seules, c’est déjà une victoire pour certaines ! » Toutes ne donnent pas leurs impressions mais les sentiments sont parfois contradictoires. « Elles se sentent à la fois sur un nuage et avec un regain d’énergie, pleines de force, prêtes, parfois, à prendre des décisions dans leur vie. »

Laura Spaeter

l.spaeter@jhm.fr

Une bougie pour le soin et plus

Pour les accompagner dans ce soin, Charline et Fanélie ont fait faire une bougie spéciale à Anaïs de l’entreprise biesloise « A minuit ». Elle est allumée tout le long du soin et la femme repart ensuite avec. « Le but est qu’elle puisse l’allumer dès qu’elle en ressent le besoin, qu’elle puisse ramener cette odeur, s’en imprégner et se remémorer psychologiquement et psychiquement les sensations qu’elle a ressenties pendant le soin. »

Une tradition du Mexique

Le rebozo est au départ un tissu traditionnel avec lequel les Mexicaines s’habillent. Chacun d’entre elles en possède au moins un. Dans ce pays, il est toujours utilisé et d’autant plus dans les zones rurales. Il s’agit également d’un soin dans lequel on utilise ce tissu. Au Mexique, il est pratiqué d’une autre façon que dans les pays occidentaux aujourd’hui. Il est donné aux femmes par des femmes, traditionnellement trois fois dans les quarante jours suivant leur accouchement. Mais il est également donné différemment, de façon plus énergique. Quant au hammam, il n’existe pas. Les femmes qui suivent ce rite passent dans le temazcal, une sorte de hutte à sudation faite de terre ou de pierres, avec du feu préparé directement à l’intérieur.