Un sentiment de déclassement pour les usagers du train de Chaumont
Alors que le mécontentement monte vis-à-vis de la SNCF, l’association des usagers donne des explications à ce désordre. Elle n’est pas tendre envers l’Etat qui ne prend pas en compte la réalité du terrain.
Les Chaumontais galèrent à se rendre à Paris ou Troyes par le rail. Ils accumulent les mésaventures comme raconté dans le JHM du 4 novembre. L’association des usagers pour la modernisation de la ligne 4 a également son mot à dire et son secrétaire, Eric Corradeni, ne s’en prive pas. Il ne vise pas spécialement l’opérateur ferroviaire qui est la SNCF ou l’autorité organisatrice qui est la Région Grand Est mais plutôt l’Etat qui a déstructuré le chemin de fer.
Pour lui, « on a l’impression que la ligne a été déclassée avec la transformation du train en TER et que la SNCF prête beaucoup moins d’attentions au service rendu aux usagers ». L’homme en profite pour rappeler le contexte ferroviaire avec les TGV qui restent de la pleine compétence de la SNCF et les Intercités considérés par l’Etat comme des trains d’équilibre du territoire et auxquels il prête une attention particulière.
Dans ce contexte, coincés entre les TGV et les Intercités, les TER sont « délaissés et la ligne 4, celle de Paris/Bâle, se dégrade ». Eric Corradeni estime que cette situation « touche cruellement la population et, en particulier, les Chaumontais d’autant plus que les territoires n’ont jamais eu autant besoin du ferroviaire pour la mobilité soutenable ». Il pense notamment aux enjeux environnementaux.
Le Coradia Liner, « un matériel inadapté »
En fait, la Région a repris l’autorité organisatrice sans avoir les moyens d’assurer un service convenable. Pire : d’après l’association, « l’Etat a fait cadeau d’un matériel, le Coradia Liner, sans en référer à personne et surtout pas aux associations d’usagers. Or, ce matériel est inadapté et n’est pas fonctionnel pour la ligne 4 qui est la plus grande radiale de France. Cette ligne méritait un traitement particulier pour répondre à la demande. Il existe un réel problème capacitaire pour la prise en charge de tous les usagers ».
Par contre, Eric Corradeni se montre pessimiste lorsqu’il est question de trouver des solutions à cette impasse qui pénalise les Chaumontais. « Le problème ne sera pas corrigé car ces investissements se font sur 20 ans. Il faudrait que la ligne retourne dans le giron de l’Etat pour corriger sa bévue de départ ». Mais, clairement, il n’y croit pas vraiment. Il voit dans ce désordre les conséquences de décisions verticales de l’Etat sans prendre en compte la réalité du terrain.
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
Des gains financiers payés par les usagers
Eric Corradeni invoque une autre raison pour expliquer les rames bondées et les retards accumulés. Il suspecte la volonté de gains de productivité et de gains financiers. « 13 millions d’euros sont versés par l’Etat à la Région pour assurer le service et la SNCF tire sur les coûts. Pour une rationalisation financière extrême, elle ajuste au plus près des besoins et elle se loupe ». C’est un ainsi qu’elle installe une rame au lieu de deux et qu’il manque des places pour les voyageurs alors que si l’Etat avait fourni des rames de 400 au lieu de 269 comme actuellement, les problèmes auraient été moins fréquents.