Un samedi au soleil – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un samedi au soleil, un samedi de repos pour la plupart des potentiels manifestants, un samedi sans grève des transports (histoire de pouvoir se rendre facilement sur les lieux de contestation). Cette manifestation du 11 février avait tout pour connaître le succès.
Sauf à oublier que, quoi qu’on en dise, si la réforme des retraites est largement rejetée par les Français, ces derniers peuvent, aussi, d’une certaine manière, apparaître comme anesthésiés depuis des mois par la crise. Pris à la gorge. Donc, quelque part, résignés, au point de ne pas franchir le pas des manifs.
Forcément, ce samedi social avait valeur de test. Encore plus, peut-être, que les dernières dates des 19, 31 janvier et 7 février. Pas forcément décisif dans la course qui se joue devant le Parlement puisque le gouvernement a désormais clairement placé le débat – ou non débat – sur le plan politique, mais au moins symboliquement fort. Une manière pour les manifestants de dire « on est là ». Que la suite du quinquennat ne sera pas pour Emmanuel Macron un long fleuve tranquille. Et éventuellement, d’imaginer une suite beaucoup moins bon enfant que lors des toutes récentes manifs.
Les chiffres de ce samedi sont d’une certaine façon mitigés. La mobilisation ne s’écroule pas, elle reste forte, mais elle n’a pas non plus passé la surmultipliée. En fait, c’est plutôt la suite, esquissée par les syndicats, qui laisse penser que les semaines à venir seront à haut risque. A défaut d’être déterminantes, peut-être.
Les dernières manifestations ont fixé des contours. Les prochaines, celle du 7 mars en particulier pourraient les préciser. On passerait ainsi du message de la rue, ferme mais dans le calme, à celui, plus dur, qui s’exprime en général par les grèves. Les syndicats appellent d’ores et déjà cela mettre la France… « à l’arrêt ». C’est on ne peut plus clair.