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Un rôle controversé – L’édito de Patrice Chabanet

De crise en crise, le rôle de l’Etat est rituellement remis en cause. Pour les uns, il en fait trop, et pas dans le bon sens. Pour les autres, il est absent, laissant à d’autres forces le soin de gérer le pays. Les exemples ne manquent pas. Le plus récent est celui des graves incidents de Dijon. Trois jours d’attente avant l’arrivée de la police et de la gendarmerie. Or ce n’est pas l’action des forces de l’ordre qui a mis fin à cette guérilla urbaine, mais l’intercession de l’imam local qui a obtenu un armistice entre Tchétchènes et Maghrébins. C’est sans doute bon pour le retour au calme, mais c’est très mauvais pour l’image de l’Etat, incapable de séparer deux communautés sur le sol de la République. Un dangereux précédent qui met à mal la parole de nos gouvernants depuis des décennies. On la connaît : « Aucun mètre carré de notre pays ne doit échapper à l’ordre républicain ».

Dans un tout autre domaine, celui de la santé, l’Etat jacobin s’est montré confus. L’affaire des masques en constitue la caricature. Il a révélé l’inefficacité des différentes administrations, jouant sur le registre « c’est pas moi, c’est l’autre ». Mais à quelque chose malheur est bon : une décentralisation de fait s’est mise en place, avec des hôpitaux qui ont eu le courage de reprendre les affaires en main. Du coup, une petite musique se fait entendre, jusqu’à l’Elysée. Tout ne doit pas dépendre de Paris. Une revanche de la France girondine. Les lois de décentralisation de 1982 n’ont jamais pu faire reculer la toute puissance de Paris, tant au niveau administratif qu’économique et politique.

Il ne s’agit pour autant de jeter le bébé avec l’eau du bain. L’Etat central, sans doute trop empâté, est nécessaire pour assurer la cohésion de notre pays. Les mouvements extrémistes qui s’infiltrent systématiquement dans les manifs sont là pour défier l’Etat et même pour le détruire. La décentralisation nécessaire pour faire respirer les territoires, comme on dit aujourd’hui, n’a rien à voir avec un dynamitage de nos structures. Elle passe par des rééquilibrages des pouvoirs centraux et locaux. Pas évident dans un pays de frondeurs…

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