Un record inquiétant – L’édito de Patrice Chabanet
Le chiffre claque comme un verdict qu’on aurait voulu ne pas connaître : 16,95°C. C’est la température moyenne relevée sur la planète en juillet. Un record « tous mois confondus », souligne le Centre européen de prévisions météorologiques. Si ce n’est pas la preuve du dérèglement climatique, cela y ressemble beaucoup.
Cette statistique implacable est à corréler avec une mosaïque d’évènements plus inquiétants les uns que les autres : feux de forêt géants dans l’Ouest canadien, inondations dévastatrices dans la région de Pékin, pour ne citer que ces deux exemples. Des pays aussi différents que l’Inde, l’Europe du Sud, la Guinée et l’Australie sont touchés par ces secousses erratiques.
Pire que l’état des lieux il y a les perspectives encore plus inquiétantes, tout simplement à cause du phénomène d’inertie. On n’arrête pas d’un claquement de doigts une évolution imputable en grande partie à l’activité humaine. Les pays industrialisés ont enfin compris que faute d’une réponse énergique ils seraient engloutis par « l’ère de l’ébullition », pour reprendre les termes imagés d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Au Brésil, le président Lula déclare la guerre à la déforestation de l’Amazonie, après les années de laisser-faire de Bolsonaro. Au niveau mondial c’est l’industrie automobile qui se lance dans une phénoménale mutation. Dans une dizaine d’années, on ne fabriquera plus de moteurs thermiques. Tout est relatif pourtant. Dix ans c’est court pour une révolution industrielle, mais c’est lent pour rattraper le réchauffement climatique lancé dans une course folle.