Un projet photovoltaïque divise le village de Charmes-lès-Langres
Trois lettres publiques, des conseils municipaux houleux, un recours au tribunal administratif, l’ambiance est conflictuelle à Charmes-lès-Langres autour d’un projet d’agro-photovoltaïque.
Comment un village où la douceur de vivre était une réalité a pu basculer dans une ambiance conflictuelle ? Au cœur du problème, un projet agro-photovoltaïque. Une parcelle d’une trentaine d’hectares serait couverte de panneaux photovoltaïques avec un cadre agricole. En effet, ces panneaux seraient en hauteur pour y laisser paître des bovins.
Le 7 octobre, le conseil de Charmes-lès-Langres est réuni. Le développeur BayWa r.e. est convié pour présenter un projet de parc photovoltaïque sur les terrains d’un agriculteur, Alexandre Houlot. De cette réunion, plusieurs conseillers posent des questions au développeur et demandent des précisions. Le projet est alors diffusé auprès des habitants par le bouche-à-oreille.
«On l’a appris par Didier Bougrel», lance Damien, un des membres d’un collectif d’habitant opposés au projet. «Et sans détail de la part du conseil municipal», ajoute Bernard lui aussi membres du collectif. Didier Bougrel est conseiller municipal. Il a alerté la population sur la présence de ce projet qui ne lui semble pas bon.
Le 3 février, un nouveau conseil municipal est convoqué. Juste avant, une réunion d’information avec BayWa r.e. est organisée. «Il y a eu plusieurs remarques sur un plan financier, environnemental. Ils ont été traîtés par BayWar r.e. et présentés lors de la réunion juste avant le conseil pour délibérer», explique le maire, Bernard Joffrain. Le premier point de l’ordre du jour de ce conseil municipal du 3 février est : délibération sur la poursuite de l’étude du projet photovoltaïque.
Certains conseillers municipaux, dont Didier Bougrel, font remarquer qu’ils n’ont pas le temps nécessaire à la réflexion pour voter. Bernard Joffrain rappelle qu’il ne s’agit pas de «voter pour ou contre le projet mais de savoir si on donne nous accord pour la poursuite des études». Une nuance importante pour le maire, car les études donneront déjà une idée de la faisabilité de ce projet. «Sachant que si on votait contre, le projet s’arrêterait», souligne Sylvain Bougrel, conseiller municipal.
Réunion publique vendredi 24 mars de présentation du projet photovoltaïque
Le reproche d’un manque d’information cristallise les opposants qui se sentent floués. «On ne veut pas de ce projet et on ne veut pas que la mairie vote un projet aussi important sans consulter la population. On n’a jamais été consulté, c’est inadmissible», tance Nathalie, du collectif des opposants. «On n’en veut pas, un point c’est tout. On n’a pas besoin de se justifier», tranche Séverine.
Le conseil municipal du 3 février votera la poursuite des études avec cinq votes favorables et quatre contre dans une ambiance houleuse. A un point où Didier Bougrel a intenté une action au tribunal administratif pour dénoncer une atmosphère délétère et conflictuelle qui n’était pas de nature à prendre une décision dans la sérénité. Même si l’action n’a que peu de chance d’aboutir, le maire s’y prépare en faisant appel à l’avocat de l’association des maires du département.
Une pétition a circulé dans le village recueillant 75 signatures «en seulement 24 h». Une pétition pour demander une réunion d’information. Celle-ci se tiendra ce vendredi 24 mars, à 19 h 30, à la salle de convivialité (Sic). «Ça ne tient pas debout de dire qu’il n’y a pas eu d’information», ose le maire. Ce dernier estime être victime d’un mauvais procès. «On ne va pas en rester là. On va bousculer les choses», annonce Nathalie.
Ph. L.