Un point de départ – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un autiste n’est pas un extra-terrestre. Depuis des années pourtant, nombreuses sont les familles touchées par le problème, qui tombent dans le désespoir, face à un mur d’incompréhension. Et autant le dire, face à la non prise en considération, carrément, de la pathologie de leur enfant. Une détresse alimentée par une méconnaissance de la part de leurs interlocuteurs souvent, par leur tentation de détourner le regard, parfois aussi. Et surtout par les maigres moyens alloués pour intégrer une population qui serait au nombre de 700 000 en France. L’argent. Le nerf de la guerre, toujours.
«Mon ambition est que les personnes autistes soient acceptées dans leurs différences et qu’elles soient reconnues pour leurs compétences.» Le Premier ministre, Edouard Philippe, résume en une phrase l’immense attente des familles et, par conséquent, des associations. Identifier la différence pour mieux l’intégrer. Ne pas voir chez un autiste son handicap, mais faire de ses compétences, une force. Elles sont nombreuses. Elles serviront. A lui, aux autres.
Le plan dévoilé hier – le quatrième – est porteur d’immenses espoirs. Les 344 millions d’euros annoncés ne sont finalement que des chiffres. Mais les 100 mesures égrenées, elles, collent au plus près du terrain. Par exemple en ce qui concerne le dépistage précoce, puis aussitôt après, la prise en charge en milieu scolaire. Mais aussi dans le domaine de la recherche ou de la formation des professionnels. Enfin, dans l’accompagnement vers l’emploi – et plus largement dans la vie – des autistes adultes.
La France ne part pas de zéro. Mais elle accuse un énorme retard sur les pays nord-américains ou même la Belgique, vers laquelle des centaines de parents, quand ils le peuvent, préfèrent partir pour l’avenir de leur enfant. Ce plan n’est sûrement pas parfait. Mais il ouvre une porte restée trop longtemps fermée à double tour. C’est déjà énorme.