Un peu plus près des étoiles !
Ancien bon joueur français, ex-Directeur technique national, capitaine de l’équipe de France de coupe Davis, désormais consultant radio et télévision, Patrice Dominguez évoque les enjeux de la demi-finale Tsonga-Ferrer de cet après-midi, sur le Central.
Après sa démonstration contre Roger Federer, au tour précédent (7-5, 6-3, 6-3), le N°1 français, Jo-Wilfried Tsonga, est face au challenge de sa carrière, à 27 ans. Il défie, cet après-midi, l’accrocheur espagnol David Ferrer, pour tenter de se qualifier pour sa deuxième finale de Grand chelem, après l’Australie en 2008. «Les données ne sont pas les mêmes que contre Federer. Contre le Suisse, gagner était un exploit, même si ce n’est pas le Federer dominateur qu’on a connu. Il était lent côté droit et a excentré beaucoup de balles. Jo l’a constamment agressé et Roger a refusé de reculer par fierté. Là, Jo sera favori et la pression ne sera pas du même côté», analyse tout d’abord Patrice Dominguez, impressionné par le niveau de jeu du Français, sa qualité de frappe et son petit jeu (volée, amortis) depuis le début de la quinzaine.
Aujourd’hui, par une température très chaude et sur un Central complètement derrière lui, le Manceau a presque le devoir de gagner. «Ferrer apprécie les filières de jeu moyennes et longues. Jo devra continuer de l’agresser pour remporter les points rapidement. C’est une vraie mobylette en face et un sacré combattant. Je l’ai déjà vu faire du tapis de course à 12 km/h juste après un match. C’est un vrai malade de boulot qui a, lui aussi, la chance de sa vie, une qualification en finale de Grand chelem, même s’il n’a pas encore évolué sur le Central et n’a donc pas ses repères sur ce grand court.»
Toutes les conditions sont réunies
De son côté, le “Mousquetaire” a lui aussi bénéficié d’un bon tableau, sans Nadal, Djokovic, et les deux blessés, Murray et Del Potro. «Jo doit l’anesthésier dès le départ. Quand il a un break de retard dans le premier set contre Federer, il remonte et joue comme un colosse. Il doit à la fois oublier et se souvenir de ce match», poursuit l’ancien DTN. De son côté, Ferrer, personnage lisse sur le circuit, surnommé le “Pou”, a passé, comme Tsonga, peu de temps sur le court et il n’a, comme le Français, pas encore concédé le moindre set. «Ferrer n’a pas eu de bons résultats après Barcelone mais comme “Jo” à Rome, il perd Janowicz. Les deux sont au pic de leur forme en deuxième semaine ici.»
A voir le monde qu’il y avait mercredi pour son entraîne- ment, sur un court annexe, on sent bien la ferveur monter dans les allées et au-delà pour voir le Français succéder à Yannick Noah, il y a trente ans. «Nous sommes dans un pays triste. Il pleut depuis trop longtemps. Les gens sont heureux et cette ferveur va l’aider.»
Arrivé à maturité avec sa nouvelle collaboration avec Roger Rasheed, l’ancien mentor d’Hewitt, «un mec positif qui lui a infligé un très gros programme physique avant Roland», le Français a les cartes en main pour devenir le premier Tricolore en finale depuis Henri Leconte, en 1988, il y a tout juste 24 ans !
«Jo est un leader mais sans arrogance comme on l’a vu sur la poi- gnée de main avec Federer. En plus, il a l’expérience d’une finale de Grand chelem. C’est une oc- casion en or qui se présente et il doit la saisir. Il a été extraordinaire en Coupe Davis, en Argentine, et il a fait un très bon Monte-Carlo (battu par Nadal en demi-finale), et cela me rappelle l’année où Yannick l’emporte, avec un quart de finale dur, une demi abordable et une finale en apothéose contre Wilander. Sa défaite, ici même, l’an passé, contre Djokovic, avec quatre balles de match en sa faveur lui a permis de comprendre ce qu’il avait manqué.»
Pour le technicien, comme pour beaucoup d’observateurs, Jo est favori pour n’être plus qu’à une marche du Graal. Battu lors de leur seul affrontement sur l’ocre, en 2010, ce résultat n’est pas significatif, trois ans plus tard. Allez Jo ! La France est derrière toi !
Nicolas Chapon