Un petit Tour – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cette année, les coureurs devront davantage se garder de glisser sur les feuilles mortes que de chercher à fendre la foule – sans chuter – dans les Alpes. Le virus est passé par là. Oubliée, la Grande boucle sous le soleil de juillet et ses centaines de milliers de fans déchaînés. Place à une édition presque intimiste, en pleine rentrée. Avec un minimum imposé de spectateurs pour un maximum de précautions sanitaires.
La question essentielle n’est finalement pas tellement de savoir qui sortira vainqueur à l’arrivée à Paris, mais s’il y aura un maillot jaune sur les Champs-Elysées. Les règles sont en effet claires : deux coureurs de la même équipe contrôlés positifs – au Covid-19, pas à l’EPO ! – et c’est le retour à la maison. Il existe en l’occurrence une forte probabilité de vivre cette situation d’ici au 20 septembre. Ça peut aller très vite. On peut ainsi imaginer, malgré des enjeux financiers énormes, une neutralisation de la course avant l’ultime étape. De facto, de la Grande boucle, on passe à la Grande inconnue. Clairement : ce Tour ira-t-il au bout ? Mystère.
Difficile de prévoir quelle saveur aura ce 107e Tour de France. Si les sportifs, eux, sont prêts à briller sur les routes de l’Hexagone, l’essence même de la compétition n’y sera pas. Exit, le côté populaire, les excès même, des amoureux de la petite reine sur le bord des chemins. Un Tour de transition, selon l’expression consacrée ? D’une certaine manière, oui. Un Tour particulier, assurément. Aussi bizarre à vivre que cette fichue année 2020.