Un petit-déjeuner entre femmes pour bien commencer la journée
La préfète de Haute-Marne a convié à sa table vendredi matin onze femmes, soit onze vies et onze parcours différents caractérisés par de l’engagement et de la détermination…En ce 8 mars, Régine Pam souhaitait mettre les femmes de Haute-Marne à l’honneur.
Un petit-déjeuner entre femmes. Voilà l’agréable invitation lancée il y a quelques jours par Régine Pam, préfète de Haute-Marne. Ne croyez pas que ces dames s’invitent à la table de la représentante de l’Etat chaque semaine. L’invitation avait bien évidemment un lien avec la date. Celle du 8 mars où l’on célèbre la journée internationale des droits des femmes. Les femmes conviées sont agricultrices, psychiatre, major en gendarmerie, brigadier-chef au sein de la Police nationale formée aux tueries de masse, colonelle des sapeurs-pompiers à la retraite, cheffes d’entreprises, bénévole dans le social etc. Il y a Sandra, Angélique, Sabrina, Manon, Julie, Stéphanie, Marie-Laure et trois Céline…
Et il y a aussi Régine… Pam. Car si aujourd’hui les préfets sont parfois des préfètes, il aura fallu attendre 1981 pour voir nommée en France une première préfète. Non sans une touche d’humour, Régine Pam a rappelé que la loi interdisant aux femmes de porter un pantalon n’a été abrogée qu’en 2013 ! Par chance, le texte, tombé en désuétude -mais pas abrogé- n’était pas appliqué depuis belle lurette. « J’ai souhaité placer cette rencontre sous le signe de l’engagement, partager avec vous vos parcours de femmes et faire un pas de plus vers l’égalité car la cause de l’égalité doit encore avancer », a souligné Régine Pam. C’était l’introduction à des échanges 100 % féminins mais pas féministes même si, chacune avec leurs mots, les invitées ont souligné qu’elles avaient eu parfois à relever le défi de la légitimité.
Détermination
Régine Pam est brièvement revenue sur son parcours. Atypique aussi. Elle est une enseignante devenue ingénieure puis préfète. La colonelle Joëlle Michel, deuxième femme à devenir sapeur-pompier professionnelle en France, a raconté ses défis comme celui de décrocher son monitorat de plongée de la sécurité civile. Derrière la discrétion de la colonelle, on imagine volontiers les montagnes qu’elle a dû soulever. Dans l’industrie, Céline Raffray, à la tête aujourd’hui de 75 salariés, s’est imposée par ses compétences. C’est le cas aussi pour les deux représentantes des forces de l’ordre, passionnées par leur métier, la Major Sandra Cousin est à l’aube de prendre le commandement de la communauté de brigades des Portes du Der. Une première dans la gendarmerie en Haute-Marne.
Des inquiétudes mais de l’envie
Si elles ne masquent pas leurs inquiétudes quant à l’avenir, les deux agricultrices, l’une à Serqueux, l’autre à Genrupt ont foi en leur choix de vie et indiquent qu’aujourd’hui en Haute-Marne, un quart des fermes sont exploitées par des femmes. « Osez ! ». C’est un peu le message transmis par toutes ces femmes réunies ce vendredi 8 mars par la Préfète. Elles sont optimistes quant à la progression de la cause féminine mais savent qu’il reste encore du chemin à parcourir.
C. C.
Chiffres étonnants
Manon Brasseur, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, a livré quelques chiffres qui montrent les progrès encore à accomplir en matière d’égalité et d’émancipation des femmes en Haute-Marne. D’après l’Insee, 32 % des femmes en Haute-Marne n’ont aucun diplôme. Et seuls 3 % des cadres sont des femmes dans le département.