Un pays sous tension – l’édito de Patrice Chabanet
L’envie d’en découdre est devenue une manie française. Les comptes à régler sont légion. Pour une raison ou pour une autre et quel que soit le domaine. A l’école, on l’a vu, la violence se transforme en moyen d’expression. Dans l’arène politique, les attaques se font de plus en dures. Les thèmes sociaux, ceux de la sécurité ou de la santé donnent matière à s’écharper. Si l’on gratte le vernis de ces affrontements de circonstance on trouve invariablement le même fonctionnement mental : l’autre a forcément tort puisque c’est l’autre.
Ces fissures se manifestent au sein même de chaque camp. Pas officiellement bien sûr, mais personne n’est dupe. Prenez le déficit public. Emmanuel Macron et son ministre Bruno Le Maire s’opposent frontalement sur la manière d’apprécier et, surtout, de le juguler. Pas question d’augmenter les impôts, martèle le chef de l’Etat fidèle à son mantra. Même majorité, mais avis totalement opposé du ministre des Finances qui plaide pour une révision budgétaire – une loi rectificative – afin de faire coïncider budget et réalité économique. Une division interne sur fond d’assaut collectif des oppositions. Ce charivari politique s’épanouit devant une Europe qui cherche à nous comprendre avec une certaine indulgence ou… dérision. Or les partis extrêmes qui vilipendent régulièrement l’Europe oublient que sans cette bienveillance, dont cette dernière tire bénéfice elle aussi, la France serait laminée financièrement.