Un patrimoine industriel ferroviaire

Un pont de pierre enjambe le ruisseau de Sommermont, à proximité de l’ancien viaduc ferroviaire aujourd’hui emprunté par la RN 67. Les garde-fous de cet ouvrage datent de 1892.

Le petit pont qui permet de franchir le ruisseau à la sortie de Chatonrupt en direction de Sommermont (D 332), avait été endommagé il y a déjà quelques années, lors d’une opération de débardage. Dans l’urgence, il avait été sommairement rafistolé par du béton. Soucieuse du patrimoine, la municipalité est intervenue en 2021 afin de restaurer ce pont très ancien et régulièrement emprunté par des promeneurs comme par des agriculteurs. C’est une entreprise spécialisée de Troisfontaines-la-Ville qui s’est chargée du chantier.

Les garde-fous en fonte qui ont été installés, à cette occasion, proviennent du viaduc ferroviaire et sont comme lui datés de 1892. Ces éléments ont été prélevés lors des travaux de détournement de la RN 67, le tronçon concerné ayant été ouvert à la circulation routière en début d’année 1995. Par la suite, certains de ces garde-corps ont été récupérés par l’ancien maire Daniel Perchat, chez un ferrailleur de Wassy. Ils ont servi à délimiter la place Delphine à Chatonrupt.

Comme cette esplanade a été récemment ouverte au stationnement des véhicules, le maire Joël Agnus a décidé de replacer ces éléments sur le pont nouvellement restauré, celui-ci étant auparavant dépourvu de protection. Or, de quelle fonderie peut bien provenir ce petit patrimoine industriel ? Une estampille le mentionne : Bussy-sur-Marne, avec “24” comme numéro de série. Mais Bussy n’est qu’un écart de la commune de Vecqueville. Les garde-fous proviennent donc de l’entreprise métallurgique Capitain-Gény fondée en 1831, aujourd’hui Ferry-Capitain.

D’ailleurs, le 13 avril 1834, les fondateurs de l’usine, les frères Elophe et Auguste Capitain, se sont adressés au conseil municipal de Chatonrupt : ils souhaitaient la création d’un chemin menant au lieu-dit “le Couloir”, sur les hauteurs du village, afin d’y extraire du minerai de fer. Enthousiastes, les élus ont alors accepté cette demande à l’unanimité. Toutefois, les demandeurs ont été contraints d’élaborer le chemin à leurs frais et d’effectuer un paiement “amiable” de 500 francs à la commune. D’autre part, cette nouvelle voie devait impérativement demeurer accessible aux vignerons, Chatonrupt étant à cette époque un village vinicole.