Un ouvrage jugé comme une aberration

Les habitants de Riaucourt n’en reviennent pas de l’ouvrage qui se construit actuellement sur le pont de la Marne dans leur commune. Ils le jugent inadéquat et très irrespectueux à la fois du paysage et de l’architecture locale. Explications.

« Une verrue », voilà comment les habitants de Riaucourt qualifient l’ouvrage qui se construit actuellement sur le pont de la Marne, situé au cœur du village. VNF, qui conduit les travaux, le fait pour sécuriser la prise d’eau, implantée dans la Marne, en aval du pont. Ainsi, les employés de VNF pourront travailler en toute sécurité, sans glisser. Le chantier, commencé le lundi 22 août dernier, devrait se terminer en fin de semaine.

Déjà, tout le monde peut se rendre compte de l’ampleur de l’ouvrage. En fait, il s’agit d’un escalier basculant, d’une taille jugée démesurée par les habitants du village. « La plateforme, d’environ 2 m², permet d’accueillir au moins dix personnes », explique Philippe Nolot, l’un des Riaucourtois mécontents. « Dans l’escalier, un homme peut facilement descendre pendant qu’un autre monte, alors que les employés de VNF ne viennent qu’un par un sur place. »

Ouvrage inesthétique

L’aspect esthétique est le plus catastrophique pour le collectif d’habitants qui est en train de se monter. « Ils vont massacrer cet espace. » Si Philippe Nolot reconnaît « l’obligation (pour VNF) de protéger son personnel », il considère que la structure méprise « ainsi les espaces traversés par le canal et les habitants du village. » D’autant que les bords de Marne sont très fréquentés, notamment par des promeneurs le week-end mais aussi par des personnes venues pique-niquer sur les tables mises à disposition. « C’est le coin le plus touristique du village. » D’ailleurs, le chemin juste devant a été refait il y a peu de temps par les services du Département, preuve de la fréquentation du site.

« L’adhésion locale » n’existe donc pas pour cet ouvrage à 180 000 euros, jugé bien éloigné du patrimoine alentours et du paysage. « Ici, on a un petit patrimoine » qui explique pour partie l’image particulièrement positive du village dans toute la région. » Il estime que même le point de vue depuis le pont sera gâché, du fait de la hauteur de l’ouvrage. Autre crainte : que l’escalier en lui-même, en métal galvanisé, rouille d’ici 15 à 20 ans.

Pour Philippe Nolot, d’autres solutions auraient été possibles : déplacer la prise d’eau ou utiliser la seconde, quelques dizaines de mètres plus loin. Conscient des « inquiétudes et des interrogations » suscitées par ces travaux, Christophe Guyot, le maire, a décidé de tenir une réunion publique ce jeudi 15 septembre à partir de 19 h à la salle des fêtes. Il affirme que la commune n’a « pas été concertée par la nature des matériaux utilisés pour cette installation. » Il espère trouver des solutions « permettant d’intégrer au mieux cet ouvrage dans l’environnement. » Contacté par jhm quotidien, VNF n’a pas donné suite.

Laura Spaeter

l.spaeter@jhm.fr