Un oui mais – L’édito de Patrice Chabanet
Le pass sanitaire proposé par le gouvernement a passé l’épreuve du Conseil d’Etat presque sans encombre. Il a seulement retoqué les dispositions concernant les grandes surfaces commerciales. Il n’a pas laissé passer non plus les sanctions financières frappant les commerçants qui accepteraient les clients non pourvus du précieux pass. Il faut dire que l’amende de 45 000 euros prévue dans le projet de loi avait quelque chose à la fois d’incongru et de disproportionné. Bruno Le Maire, le ministre de l‘Economie en avait convenu. Le terrain est donc dégagé sur le plan parlementaire, même si le Sénat s’oppose encore au texte. C’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot, comme le veut la Constitution.
Le gouvernement devra compter sur l’opposition que l’on voit se manifester dans la rue. Elle est multiforme et agrège plusieurs courants. Il y a toujours ceux qui sont hostiles au vaccin et ceux qui voient dans le pass sanitaire une restriction de nos libertés. La démocratie doit accepter la diversité des points de vue. C’est ce qui la distingue fondamentalement des dictatures. Mais, dans le même temps, elle doit s’opposer sans faiblesse aux dérives honteuses qui sont apparues dans certains défilés. L’utilisation malhonnête et détournée de l’étoile jaune ou du portail d’Auschwitz est une insulte faite à toutes les victimes de la Shoah. Les associations de lutte contre l’antisémitisme ont eu raison de monter au créneau. Il y a des mélanges de genres qui rabaissent la gravité de la Solution finale au point de la banaliser. Il revient aux organisateurs des défilés d’exclure ces faussaires de l’Histoire.