Un oeil dans le rétro : Sikuris m’était conté, ou la plus belle aventure du collège de Nogent (1)
1492-1992 : 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, un fait historique qui inspirera les Nogentais, retracé par Philippe Savouret à l’aide de Jean-Pierre Robinet.
Cette année 1992, une grosse animation a été organisée en Haute-Marne (Abya-Yala avec la médiathèque départementale, des bibliothèques, Artisans du monde). Et à Nogent on a créé une grande exposition durant plusieurs semaines se déroulant dans le hall de la Chambre syndicale de la coutellerie (aujourd’hui Nohmad) avec les fameuses structures Zéro dont on reparlera dans l’histoire du musée. Histoire, géo, littérature, objets, de nombreux livres issus de la bibliothèque. Rappelons aussi que la Guatémaltèque Rigoberta Menchu reçut le prix Nobel de la paix cette année-là.
Le collège avait un gros « Projet d’action éducative » consacré aux cultures andines s’intégrant dans l’animation. Rencontre des deux mondes, image du monde, image de l’autre. C’était aussi le regard sur les peuples conquis et non sur les conquérants. Un concert eut lieu à Nogent avec le groupe Qhantati, au Cosec, à la salle de spectacle construite en 1993.
A partir de là, Jean-Pierre Robinet, professeur de lettres au collège, a décidé de créer un Atelier de pratique artistique fonctionnant dans le cadre du Foyer socio-éducatif (FSE) après le repas et avant la reprise des cours. D’ailleurs la bibliothèque Bernard-Dimey, par le prêt inter bibliothèque a fait revenir pour Jean-Pierre Robinet une thèse sur la musique bolivienne de l’université de Lyon 3. Mais si cet anniversaire en a été le déclencheur, ce professeur était passionné depuis l’adolescence des musiques andines (Pérou, Bolivie) et particulièrement depuis 1975. Il a même soutenu une maîtrise de lettres sur une œuvre d’Amérique latine.
Qhantati : une lumière venue des Andes
Jean-Pierre Robinet entraîna dans ce projet le professeur d’éducation musicale Rénald Poutot et s’attachèrent les compétences d’un des plus grands groupes professionnels de Bolivie rencontré en 1992 : Qhantati. Qhantati signifie l’aube, renaissance de la lumière. Leur virtuosité est nourrie d’histoire, de paysages et d’humanité. C’est aussi l’intransigeance sur l’interprétation des morceaux. De plus ce groupe a le souci d’unir le social et le culturel. La formation musicale est tout à fait dans l’esprit du projet du collège. Le club du FSE est passé au statut d’Atelier de pratique artistique agréé par l’Education nationale et la Drac. Pedro Condori directeur de Qhantati et Luis Chugar sont venus encadrer des stages de l’ensemble Sikuris de Nogent.
Vous avez dit Sikuris ?
Sikuris = joueurs de siku. Le siku est l’instrument le plus représentatif de la culture musicale andine (Pérou, Bolivie). Pour les Européens, on va parler de flûte de pan. Mais le siku d’origine précolombienne, s’affirme comme le moyen privilégié d’une culture forte, en Bolivie et dans la région du lac Titicaca. Avec le siku, les notes de la gamme se répartissent sur deux instruments joués chacun par un musicien ; tous deux se donnent la réplique ce qui implique complémentarité et complicité. Fabriqué dans un roseau, le siku est toujours un instrument d’orchestre et il peut s’accompagner de la kena (flûte droite), du bombo (tambour en peau de chèvre ou de mouton) voire du charango (petit instrument à cordes sur une carapace de tatou).
(à suivre..)