Un nouveau choc – L’édito de Christophe Bonnefoy
Même si les aveux, hier, de Jonathann Daval, ne sont que l’épilogue auquel chacun pouvait s’attendre depuis le début de sa garde à vue il y a deux jours, ils sonnent néanmoins comme un coup de tonnerre. Le mari éploré avait tout du parfait innocent. Y compris cette attitude d’effacement qui avait suscité l’empathie de la France entière.
On se souvient forcément de ces larmes, de cette détresse certainement loin d’être feinte pendant la marche blanche dans les rues de Gray. Mais elles n’étaient pas que pour Alexia. Elles étaient, aussi, celles d’un homme qui a commis l’inimaginable en quelques minutes et n’en avait pas le profil, et qui se retrouve comme un enfant qui ne sait plus comment se dépêtrer de l’énorme bêtise qu’il a commise. Qui ne sait pas comment réparer ce qu’il a cassé. En l’occurrence, on ne répare pas une vie qu’on a ôtée.
On pensait les rumeurs naissantes, puis persistantes sur son éventuelle culpabilité totalement hors de propos. Et pourtant… ces rumeurs n’en étaient plus depuis deux jours.
A tel point que, c’est rare dans ce genre d’affaire, les avocats du mari, partie civile au départ, se sont subitement retrouvés dans le rôle d’avocats de la défense. Il suffisait d’entendre, hier avant les aveux, parler les deux conseils de celui qui a priori était tout le contraire d’un meurtrier, pour comprendre à demi-mots qu’ils étaient plus près de la posture de ceux qui découvrent qu’on leur a caché des choses que d’avocats qui viendraient s’offusquer des accusations qui pèsent sur leur client. Le dénouement était évident. Et on pourra toujours trouver toutes les circonstances atténuantes de la Terre. Jonathann Daval a ôté la vie à son épouse. Et par la même occasion brisé la sienne et, surtout, celle de ses proches. Y compris de beaux-parents qui, depuis trois mois, lui avaient accordé une confiance aveugle. Un nouveau coup de massue, sans doute, pour eux.