Un moindre mal – L’édito de Patrice Chabanet
Le second tour des municipales aura donc lieu le 28 juin prochain. Satisfaction des uns, mécontentement des autres. La décision prise par le gouvernement constitue une cote mal taillée, un moindre mal. Les arguments en faveur d’un report en septembre ont pesé moins lourd que le choix du mois de juin. Le second tour aurait été trop éloigné du premier. Quant à l’autre argument – l’absence supposée d’une véritable campagne – il ne tient pas la route. Les candidats auront plus de six semaines pour défendre leur programme, alors que dans une élection classique ils n’ont qu’une semaine pour se préparer au second tour. Attendre septembre présentait un autre handicap, celui de bloquer la formation des exécutifs municipaux. Or l’urgence économique implique que les appels d’offre et les travaux qui suivent n’attendent pas la fin de l’année.
Le gouvernement s’est réservé une porte de sortie en prévoyant une clause de revoyure quinze jours avant le 28 juin. Le coronavirus garde en effet sa part de mystère. Les chiffres d’hospitalisations et d’entrées en réanimation sont encourageants : ils s’inscrivent régulièrement en retrait. Mais un retour de la pandémie n’est pas totalement exclu. On doit espérer qu’il n’en sera rien, car on imagine le tohu-bohu politique si l’élection est finalement reportée a l’automne ou en 2021.
Quoi qu’il en soit, ces élections municipales resteront dans les annales. Le premier tour avait donné lieu à des prises de position définitives et à des reniements sans vergogne. Ceux qui avaient plaidé pour la tenue du scrutin en mars ont dénoncé dans le même souffle le choix de cette date. On doit déjà s’attendre à des cris d’orfraie de la part des futurs perdants de juin, quelle que soit leur couleur politique. Beaucoup dépendra du taux d’abstention. L’environnement sanitaire fait craindre une forte désaffection, notamment chez les personnes âgées. La solution ? Encourager les électeurs hésitants à choisir le vote par correspondance. Pas de risque de contamination et un ballon d’oxygène pour la démocratie.