Un legs possiblement colossal et fort mystérieux
L’ancien maire de Fresnes-sur-Apance Jean-Marie Thiebaut enrage. Il soutient que depuis que Nathalie Blanc l’a remplacé à la tête du village, l’ambiance y est détestable. Il l’estime aussi responsable d’entretenir le mystère autour d’un legs à la commune, possiblement colossal.
« Ça va mal finir, il y aura des allongés (…) Ça va aller jusqu’à ce qu’il y ait une balle ». Avec le premier adjoint François Renon, l’ancien maire de Fresnes-sur-Apance Jean-Marie Thiebaut fulmine. Son réquisitoire contre son successeur -qu’il s’applique à ne pas nommer- est sans appel. « Elle a retourné sa veste, elle a zéro expérience, elle n’arrive pas à boucler son budget, on ne votera pas des comptes comme ça, on ne peut pas tout accepter ! Et ses mensonges, ça suffit ! ». Le maire Nathalie Blanc aurait saccagé l’ambiance au village. Le duo d’opposants affiche son objectif : « lui retirer toutes ses délégations ». Avant d’émettre un autre reproche : le premier magistrat ne ferait rien pour savoir si la commune est bénéficiaire dans la succession de Gilbert Clerc, un enfant du pays qui a bâti une fortune colossale -Jean-Marie Thiébaut l’estime à « 5 ou 6 M€ ». Pire, Nathalie Blanc torpillerait l’éventuelle destination d’un legs à Fresnes. Sujet sensible que le conseil municipal devait évoquer dès le 11 juin 2013 -le maire était alors Jean-Marie Thiebaut. Qui, le 30 octobre 2019, certifiait qu’ « il n’y a(vait) jamais eu de don de Gilbert Clerc ».
Le maire savait Fresnes bénéficiaire… le tuteur l’ignore
« Le testament de Gilbert Clerc ne peut être ouvert si elle ne le demande pas ! ». Or, si Jean-Marie Thiebaut était resté maire, « ça fait longtemps qu’(il) l’aurait demandé ! ». François Renon souligne que « si on refuse le legs, on n’aura rien » et que Jean-Marie Thiebaut « sera pénalisé », alors qu’il s’est « démené ». Retour sur cet éventuel cadeau exceptionnel. Natif de Fresnes, Gilbert Clerc est mort le 19 mai 2016, après avoir habité Langres. Sa réussite entrepreneuriale était notable. Il avait d’ailleurs offert à la cité des remparts la réfection du kiosque du square Henryot. Avant de prévoir de léguer sa fortune à son seul village de naissance. « En tant que personne particulière, j’étais le tuteur de Gilbert Clerc et (de son épouse) Édith ». Logique : l’entrepreneur du textile « était un ami de (son) père ». Disposition actée « en 2013, dans des mandats de protection future -un pour chaque époux ». Si legs il y a, il serait libéré au décès du dernier survivant, le couple était marié sous le régime de la communauté universelle. Édith Clerc s’est éteinte le 8 janvier 2022. Les dernières volontés de feu son époux peuvent être dévoilées. Or… elles ne le sont pas. À cause de Nathalie Blanc donc, selon ses détracteurs. Pour preuve de ses mauvaises intentions, Jean-Marie Thiebaut convoque un souvenir. « Il y avait une assurance-vie d’environ 232 000 €, on lui avait demandé de la réclamer, elle ne voulait rien foutre, j’ai dû m’en charger… et elle l’a déchirée en plein conseil ». Édith Clerc était alors en vie. Nathalie Blanc serait-elle bientôt responsable d’un second gros dommage à Fresnes ? Faut-il encore que le legs existe… « Si la commune n’est pas sur le testament, elle n’aura rien du tout ». L’ancien maire et tuteur à titre particulier précise en effet qu’il ignore tout « des testaments ». Deux en réalité, « un pour chacun des époux ».
Le maire Nathalie Blanc face au silence du notaire
« J’ai demandé si, dans la succession de Mme Clerc, Fresnes était bénéficiaire ». Aux accusations du duo d’opposants, le maire Nathalie Blanc répond s’être enquise des dernières volontés du couple. « Le 10 mars 2022 ». Via un notaire, qui a interrogé le confrère qui a acté la tutelle, le 29 mai 2013 -mandat de protection future activé le 8 janvier 2016. Précaution qui sera d’ailleurs envisagée par le service MAÏA du Département… en octobre 2015, et pour… le couple. À ce jour, le notaire sollicité n’a pas répondu, ni même accusé réception de la demande qui lui a été faite. L’assurance-vie déchirée ? Nathalie Blanc confirme la scène décrite par ses contempteurs… à un détail près. Ce 15 octobre 2021, jour où l’ordre du jour prévoit un point sur cette assurance-vie, c’est « une copie » d’un document signé du maire Jean-Marie Thiebaut qu’elle a déchirée. « J’avais appris en juillet 2021 que celui-ci avait, sans informer l’assemblée, déposé en mars 2021 une assurance-vie de Mme Clerc de 201 386,48 € chez le trésorier payeur général (TPG), il n’aurait plus manqué qu’une signature pour que les fonds aillent à la commune. Un document factice et sans garantie ». Avant de rappeler qu’à l’époque, « Jean-Marie Thiebaut n’avait pas délégation autorisant cette démarche ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
« Impossible de respecter le souhait du donateur »
« Il était impossible de faire une MARPA : l’agence régionale de santé (ARS) a refusé ». Gilbert Clerc avait en effet conditionné son legs à la création d’une résidence seniors et au fleurissement de sa tombe. Jean-Marie Thiebaut complète les explications qu’il avait fournies dans son tract du 15 décembre 2020 -jugé depuis diffamatoire. « Avec un élu, on était à l’ARS, qui refusait de payer le fonctionnement ». Réponse attendue : l’ARS n’a rien à voir dans ces structures non médicalisées, leur création dépend du Département. Reste que, dans son tract, l’alors maire indiquait avoir « jugé bon d’investir dans de l’immobilier locatif -des meublés, à Bourbonne ; pour des revenus au bénéfice de la commune estimés à 100 000 € par an ». Alternative encore compromise. « La restauration du bâtiment des meublés est arrêtée puisque Mme Clerc est morte ». Stoppée d’ici à l’ouverture du… ou des testament(s) ?