Un héritage – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a ceux que l’on voit partir avec tristesse, mais qui ne resteront finalement qu’un visage, un simple souvenir, aussi lourd de symboles soit-il. Et d’autres, que l’on pleure et qui, pourtant, continuent à accompagner nos vies. Parce qu’ils ont signé une œuvre qui va bien au-delà de leur unique existence.
Dans deux styles bien différents, Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday appartiennent à la seconde catégorie. Et ce n’est pas seulement un hommage qui leur est rendu, hier pour l’écrivain, aujourd’hui pour le rocker. C’est une invitation qui est faite, à perpétuer leur œuvre. Les livres pour le premier, des milliers de chansons pour le second.
L’espiègle magicien des mots aura eu droit aux Invalides. Le lieu idéal pour célébrer l’esprit de celui qui restera un Immortel et dont la personnalité était un savant mélange de classe très naturelle et d’extrême simplicité. L’“idole des jeunes”, elle, sera saluée par ceux qui l’ont aimé durant toute sa carrière. Ceux qui, pendant des décennies, l’ont écouté, suivi, adulé ou tout simplement ont le sentiment que l’artiste faisait, d’une certaine manière, partie de leur quotidien. Le long des Champs-Elysées, à partir de midi, l’hommage sera populaire, dans son sens le plus noble du terme. Lieux différents, ambiances différentes, teneur des discours différente. Mais, sans doute, la même émotion. A son comble.
D’Ormesson. Hallyday. Tous deux laissent indéniablement un héritage, dont on se souviendra encore dans quelques dizaines d’années. Ils pourraient reprendre, de là-haut, chacun à leur compte, le titre de l’ultime livre de l’académicien, son 41e et dernier : “Et moi je vis toujours”.