Un géant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le Septième art a ses grands acteurs. Ses stars. Ses monstres – sacrés bien sûr. Ses légendes. Kirk Douglas était bien plus que tout cela. D’une certaine manière, il était le cinéma. Il était ce visage auquel on pense aussitôt lorsque nous reviennent les scènes d’anthologie de grands classiques, ces plans serrés, ces images qui restent à jamais gravés dans l’histoire du grand écran.
Kirk Douglas incarnait évidemment le rêve américain. Celui qui rend possible l’impossible. Fils d’un chiffonnier juif qui avait fui la Russie, il avait su dompter Hollywood. Pour en devenir finalement un symbole. Du “Champion”, son premier grand succès, à “Vingt mille lieues sous les mers”. Des “Sentiers de la gloire” à “Spartacus”. De “Paris brûle-t-il ?” à l’inoubliable “Règlement de comptes à OK Corral”. Un âge d’or du cinéma outre-Atlantique – les années 50 et 60, notamment – qui aujourd’hui encore nous rappelle que, certes, la qualité d’un scénario fait les grands films. Mais, surtout, que ce sont les acteurs qui les subliment. Les “gueules”. Kirk Douglas était de ceux qui font passer les émotions d’un seul regard. Qui d’un mot, d’une phrase font entrer une œuvre dans l’immortalité.
Combattant – politique notamment, les yeux tournés vers les Démocrates – il aura réalisé son rêve d’enfant : devenir acteur. Son seul regret : ne jamais avoir été récompensé par un Oscar. En tout cas pas pour l’un de ses rôles. Mais le public lui aura, c’est là le plus important, montré son attachement durant toute sa carrière.
Il restera l’acteur, évidemment. Et l’homme, tout simplement. Le plus bel hommage, hier, celui de son fils, Michael. « Pour le monde, il était une légende (…) mais pour moi et mes frères, il était simplement papa . » Son plus beau rôle, sans doute.