Un exploit et un symbole – l’édito de Patrice Chabanet

Chapeau bas ! Teddy Riner a remporté hier à Doha son onzième championnat du monde. Après six ans d’absence, ce qui donne plus d’ampleur encore à sa prouesse sur le tatami. Teddy porte haut les couleurs de la France. Tout un symbole. Celui de l’effort, de la constance et de l’abnégation. Insatiable, le vainqueur d’hier songe déjà à son prochain défi majeur : les JO de Paris, dans 440 jours… On imagine les centaines d’heures de préparation. La souffrance aussi. A ce niveau de compétition, l’entraînement n’a rien à voir avec l’échauffement dominical du quidam qui veut garder la forme.

Au-delà de l’aspect purement sportif, notre judoka ridiculise les tenants du suprémacisme blanc qui, simple coïncidence, ont tendance à tenir le haut du pavé depuis quelques semaines. En attestent leurs sinistres parades à la mode IIIe Reich. Lui, le black, ne fait pas de distinction selon la “race” de ses adversaires. Il se sent légitimement Français. Il les combat selon un rituel bien établi dans le judo : le respect de l’autre. Sa joie d’après victoire ne respire pas la revanche.

Il ne faut pas confondre sport et politique. Certes. Mais comment ne pas opposer la pureté du sport tel que le pratique Teddy Riner et l’abjection du “rock aryen”. Ses organisateurs ont enfoncé le clou de la provocation en choisissant la salle municipale “Simone Veil” de Saint-Cyr-l’Ecole. Les élus, quel que soit leur niveau de responsabilité, auraient tout intérêt à se mobiliser et à agir. Faute de quoi, le venin néo-fasciste infectera notre société. Pour le moment, il a tout d’une singerie grotesque. Mais il faut garder l’œil ouvert.