“Un ennemi du peuple” est passé au Nouveau Relax
C’est une très grande pièce que proposait Le nouveau Relax jeudi dernier : “Un ennemi du peuple“, un texte de Henrik Ibsen adapté par Jean-Marie Piemme dans une mise en scène de Thibaut Wenger.
La pièce se révèle être d’une stupéfiante modernité : en 1882, les termes écologie, lanceur d’alerte, lobbying, dissimulation, corruption n’existent pas. Elle dénonce une société satisfaite d’elle-même, corrompue, où l’argent prime tout, dans laquelle les grands principes passent avant des intérêts particuliers.
Peter Stockmann, le préfet, administre l’établissement de bains qui fait la richesse de la ville ; son frère Tomas, le médecin, est le directeur, employé et garant de la qualité des soins offerts aux curistes. Tomas découvre cependant que les eaux alimentant la station sont polluées par les rejets d’une tannerie proche.
Exalté par sa découverte et soucieux de la santé publique, il s’improvise alors lanceur d’alerte et décide d’informer ses concitoyens, au risque de ruiner momentanément la station.
Eclate alors un conflit entre l’intérêt public et une prospérité locale aléatoire. Suivis par l’opinion, politiciens, journalistes, notables… se liguent contre le médecin à l’éloquence enflammée, qui fait le procès de la civilisation moderne et de l’universel mensonge. Alors qu’il voulait crier la vérité, Stockmann est condamné :il est “Ennemi du peuple”.
Les lumières de la salle sont rallumées et les spectateurs sont devenus le public de cette réunion tumultueuse au cours de laquelle Nicolas Luçon, qui interprète Tomas, par son énergie et sa précision, se distingue dans une époustouflante tirade.
Abandonné et ruiné, il pense partir en Amérique. Avant, à force d’odieux chantages, de se raviser. Plus décidé que jamais à combattre le mensonge, il fera de ses fils« des hommes libres ».
L’épilogue de cette pièce est : “l’homme le plus fort au monde est le plus seul”.
De notre correspondant Jean-Louis Begrand