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Un élu à la barre

Confondre fonctions et intérêts personnels est malvenu. Le maire de Malaincourt-sur-Meuse en sera venu à intimider deux gendarmes… Privé de droit de vote, l’élu ne pourra plus exercer la moindre fonction publique.

«Tout maire que vous soyez, vous êtes soumis à la loi, comme chaque citoyen…» Un magistrat des plus éclairés s’adresse à un modeste et dévoué élu de la République. Un choc des cultures… «Nous ne sommes pas en train de faire du maquignonnage, vous êtes à la barre d’un tribunal», en viendra à lancer le président Carbonaro.

Le curé précéda le maire, des juges les condamnèrent… Au nom de la République. Dans son village, sans prétention, Barthélemy Piéchut a bonne réputation. «Je suis élu depuis 22 ans, si j’étais un mauvais maire…» Bon ou mauvais, nul n’est censé ignorer la loi.

Un évident conflit d’intérêts ne tardait pas à transpirer des débats. Emérite et populaire maire de Malaincourt-sur-Meuse, animé de bon sens, Barthélemy Piéchut est paysan de son état. Associé à son fils, l’élu assure la survie de sa petite entreprise. Claude Roquis et son fils élèvent des bovins sur le territoire d’une commune voisine. En 2015, les autorités sanitaires suspectent la propagation d’une maladie susceptible de rendre plusieurs bêtes impropres à une mise sur le marché.

Intimidation

Le 17 juillet 2015, en accord avec le fils de Barthélemy Piéchut, gérant de l’exploitation soumise à contrôle, les gendarmes procédaient, à Vroncourt-la-Côte, à la saisie des «cartes vertes» de plusieurs bovins. Barthélemy Piéchut signait une arrivée tonitruante. Deux gendarmes attesteront de la nature – et la portée – des propos du prévenu. Après s’être présenté en sa haute qualité de maire, l’édile aurait intimé l’ordre aux hommes en bleu de quitter les lieux dans les plus brefs délais. L’élu aurait jugé utile de faire état de sa toute puissance. Par le passé, fort de relations ministérielles, Barthélemy Piéchut aurait à lui seul entraîné la mutation d’un gendarme en poste à Bourmont. Un gendarme, «muté», «très loin…» Au bon vouloir d’un maire d’une commune de 56 habitants. Pensez donc…

«Au-dessus de la loi»

Les gendarmes auront peu goûté aux intimidations de Barthélemy Piéchut. Des poursuites pour acte d’intimidation envers un dépositaire de l’autorité seront lancées à l’encontre de l’élu. «Nos bêtes étaient saines, nous ne voulions pas qu’elles perdent 10 à 20 % de leur valeur ! Nous travaillons de 6 h à 20 h 30 et perdons 80 euros chaque jour, nous ne voulions pas nous faire dépouiller, mais de nos jours, nous ne pouvons plus rien dire», pestait Barthélemy Piéchut, contestant, non sans maladresse, la moindre intimidation à l’encontre des gendarmes.

«Les faits sont particulièrement graves», tonnait le procureur Nahon avant de faire état d’une «attitude constante à se sentir au-dessus de la loi». Barthélemy Piéchut a été condamné à 2 000 euros d’amende. Une peine minime au regard d’une décision lourde de conséquences. Visé par une interdiction de droits civiques, civils et de famille d’une durée de cinq ans, le condamné, privé – de fait – de droit de vote, ne pourra, hors appel de la décision, plus exercer la moindre fonction publique. L’élu devra indemniser les préjudices des deux gendarmes déclarés victimes de ces terrifiantes intimidations à hauteur de 700 et 500 euros.

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