Un « dingue de voiture » devenu « radicalisé du vélo »
Depuis deux ans, Yvan Reynaud, passionné de courses automobiles, est devenu un « jeune radicalisé du vélo ». Pour ses déplacements quotidiens, il opte pour les mobilités douces. Il a fait ce choix pour réduire son empreinte carbone. jhm quotidien l’a suivi sur un trajet de Chaumont à Bannes.
« J’étais un dingue de voiture », confie Yvan Reynaud, qui se considère aujourd’hui comme un « jeune radicalisé du vélo ». L’année passée, il a parcouru 8 000 km en train, 4 400 km à vélo électrique et 3 000 km en voiture. Il espère ainsi apporter sa pierre à l’édifice à l’enjeu majeur du siècle : le dérèglement climatique.
Avec son utilisation des mobilités douces, sur l’année passée, Yvan Reynaud a émis 618 kg CO2, dont 567 kg CO2 seulement pour la voiture. S’il utilisait seulement la voiture sur les mêmes distances, il aurait émis 2 947 kg CO2*.
Illuminé ou pragmatique ? Jhm quotidien l’a suivi le temps d’un trajet pour se rendre compte des avantages et inconvénients de son choix. Travaillant à Chaumont, Yvan Reynaud habite à Bannes, près de Langres. Au lieu de 40 minutes de voiture, son trajet lui prend un peu moins d’une heure, soit une rallonge d’une quinzaine de minutes.
Pour aller de Chaumont à Bannes, Yvan Reynaud commence par rejoindre la gare. Cela lui prend une dizaine de minutes à vélo. Puis, il attrape son train et 20 minutes plus tard il arrive à Langres. Il enfourche alors une nouvelle fois son vélo pendant quinze minutes. A cela s’ajoutent quelques minutes d’attente à droite à gauche.
Transition vers le vélo pleine de bénéfices
« Ma pratique du vélo est venue lentement. Au début, c’était juste quelques trajets courts. A partir du confinement, les choses se sont mises en place plus sérieusement », raconte Yvan Reynaud. Pour faire ses courses, il équipe sa bicyclette de deux sacoches et le tour est joué. Il privilégie également la mobilité douce pour ses loisirs. « Pour mes dernières vacances, je suis allé en Ardèche. J’ai pris le train et en arrivant, il me restait 45 km de vélo. »
Le « jeune radicalisé du vélo » liste plusieurs co-bénéfices à son choix. « Ça permet de faire plus de sport et d’être en meilleure condition physique quand je fais des activités le week-end […] Conduire tous les jours, c’est fatigant. Là [dans le train] je peux sortir mon portable ou mon ordi pour avancer sur mon travail. Parfois, je ne fais rien et je regarde juste les bestioles par la fenêtre. Aussi, il y a beaucoup d’habitués dans le train. Je vois les gens, je bavarde un peu et ça élargit mon champ social. »
Certains de ces atouts peuvent parfois se transformer en désavantages : « Parfois, le matin tu n’as pas envie de croiser du monde. Mais tu vas quand même devoir tenir la conversation parce que le lendemain tu les revois. »
Voiture utilisée au compte-gouttes
Yvan Reynaud reconnaît également certaines contraintes. « Devoir se plier à des horaires et aux heures creuses, être dépendant d’un moyen de transport, c’est renoncer à une partie de sa liberté. » Qu’il nuance : « Ça permet de prendre le temps. J’arrive un peu en avance et je regarde les gens. On s’habitue à la lenteur. C’est quand on prend la voiture qu’on se dit : “Qu’est-ce que ça va vite !” » Il met également un revers à certains clichés : « Le retard de trains, c’est plutôt l’exception. »
Par ailleurs, il déplore un coût social au changement. « Une amie à moi s’est mise au vélo, mais ses collègues se moquent d’elle. Il faut pouvoir le supporter. » Pour surpasser certains de ces désavantages, il conseille : « Il faut se faire accompagner dans sa démarche. Le mécanisme important est de faire ces changements en groupe. Le fait de partager un moment avec quelqu’un enlève les renoncements qu’on fait par ailleurs. »
Malgré tout, Yvan Reynaud n’a pas encore vendu sa voiture. « Je prends la voiture uniquement quand je dois transporter quelque chose de lourd, quand il y a du mauvais temps et que je n’ai pas envie de prendre la pluie. » Un retour aux anciennes habitudes qui peut aussi venir quand il est fatigué. « J’ai 53 ans, je n’ai pas toujours la forme pour prendre le vélo. Il y a un an, j’ai eu une tendinite et parfois j’ai mal au dos. »
Julia Guinamard
* Source : “Mon convertisseur CO2”, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Toutes les données sont en équivalent par personne.
« Je suis hors limite planétaire »
« Comment voulez-vous savoir que vous êtes un bon élève de la transition, ou pas, vu qu’il n’y a pas de bulletin de notes ? », interroge Yvan Reynaud. Pour s’y repérer, mieux vaut être capable de s’évaluer. Pour ce faire, il est notamment possible de se tourner vers l’outil “Mon convertisseur CO2” de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Si ce dernier permet de quantifier l’empreinte carbone de différentes activités, faut-il encore avoir une base pour interpréter ces données. Selon l’association Carbone 4, en moyenne, un Français émet par an 9,9 tonnes de CO2*.
L’accord de Paris table sur une réduction de l’empreinte carbone individuelle à deux tonnes de CO2 afin de maintenir l’augmentation de la température mondiale de ce siècle en deçà de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. En moyenne, selon les données de Carbone 4, un Français émet 2 650 kg CO2 rien que pour les transports. C’est le pôle le plus important.
Viennent ensuite l’alimentation avec 2 350 kg, le logement avec 1 900 kg CO2, la consommation avec 1 600 kg CO2 et les dépenses publiques avec 1 400 kg CO2. Si sur l’année écoulée, Yvan Reynaud a émis 618 kg CO2 pour ses transports, contre 2 946 kg CO2 s’ils avaient tous été réalisés en voiture, l’économie ne suffit pas pour être raccord avec l’engagement pris lors de la COP 21. « Je suis hors limite planétaire », déplore-t-il.
* Toutes les données sont en équivalent par personne.