Un dimanche avec les chasseurs en forêt du Val
A l’occasion de la Saint-Hubert, nous avons passé une matinée complète avec les chasseurs de la société du Val Magenta, ce dimanche 12 novembre. Au programme, discussions et session dans la nature, entre organisation rigoureuse et plaisir de la nature, loin des stéréotypes.
Dimanche 12 novembre, 7 h 30, forêt du Val, Saint-Dizier. Au cœur des 1 140 hectares de bois, autour d’une bâtisse en pierres de 1834 siècle intitulée « La Belle maison », les gilets oranges sont de plus en plus nombreux. Ils sont une cinquantaine à se réunir, en ce jour de Saint-Hubert pour la société de chasse du Val Magenta. Albert nous accueille : « Cela fait 44 ans que je suis employé ici. Mon père l’était avant moi, et mon fils va prendre la relève », explique-t-il.
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A l’intérieur, chaque participant se fait enregistrer auprès de Nicolas. Dehors, on partage sa passion avec fierté : « J’ai eu 31 sur 31 au permis », « Je chassais les oiseaux au Der avant que l’eau ne soit là », « Cela fait 64 ans que j’ai toujours cette émotion, cette adrénaline en chassant ».
Découverte
Place ensuite aux choses sérieuses. L’adjudicataire de la société de chasse, Frédéric Mayeur, dévoile le gibier à prélever : « Les chevreuils et les sangliers de plus de 65 kg. Mais pas de renard », avant de lire les consignes de sécurité, un rituel qui précède chaque session en forêt. Quatre équipes sont formées et réparties stratégiquement sur la zone dite « Taille Servais ». Les chiens sont équipés de GPS pour être repérés à distance. Tout le monde est prêt, c’est parti pour plus de trois heures de chasse.
Nous suivons le groupe des « traqueurs », dont le but est de rabattre le gibier en ligne continue. Tous communiquent à base de cris, clairons, ou messages au talkie walkie quand le voisin n’est plus visible. Le tout, sous la houlette de Frédéric Mayeur qui jette régulièrement un regard sur son téléphone pour localiser les chiens, très libres. Tout en analysant le sol : « Il n’y a que de la terre, il y avait un chevreuil couché il y a quelques instants », « On voit qu’un sanglier est passé récemment ». L’état du chemin suite à son passage, laisse imaginer les dégâts s’il avait été dans un champ. Dégâts que doit payer la société de chasse, d’où le but de prélever du gibier pour réguler sa prolifération, en sachant que des quotas sont imposés aux chasseurs.
Soudain, la chienne Bina aboie vers un buisson : un gros sanglier en sortira rapidement, indemne. Mais quelques instants plus tard, Thierry vise juste : une laie de 90 kilos. Peu après, un mâle s’extirpe suivi par cinq chiens : trois chasseurs ratent leur cible, sauf Baptiste. Dans la foulée, des chevreuils surgissent. A chaque fois, c’est Bina qui a flairé l’animal, rendant admiratif son propriétaire Frédéric Mayeur. D’ailleurs, jusqu’à la fin de la session à 13 h 30, il aura davantage dit bonjour aux cyclistes et joggeurs croisés, que tiré de cartouches : « On partage cet endroit, c’est important de dialoguer et de rassurer », estime-t-il. Loin des stéréotypes sur les chasseurs, à l’image de ces six heures passées en forêt du Val.
Louis Vanthournout