Un « digne et brave officier » de la République : le chef de brigade Doré
Né à Sexfontaines en 1750, Jean-Baptiste Doré fut un distingué soldat du roi puis un vaillant officier de la Révolution. Parvenu jusqu’au grade de colonel de cavalerie, il a perdu la vie sur un champ de bataille d’Allemagne, à l’âge de 46 ans.
La cavalerie française s’est rendue illustre durant les guerres impériales (1805-1815). Mais elle compta également en son sein des héros pendant les campagnes de la Révolution et du Consulat (1792-1804), dont beaucoup périrent avant l’avènement de Napoléon Bonaparte. C’est le cas de plusieurs Haut-Marnais, tombés en Belgique (capitaine Jean-Baptiste Front, de Robert-Magny), en Vendée (commandant Simon Rateau, de Nogent), en Italie (capitaine Jean-Baptiste Laurin, de Guindrecourt-aux-Ormes), en Egypte (lieutenant Louis Chalons, de Roches-sur-Marne), voire en Irlande (sous-lieutenant Jean Moisson, de Villegusien).
S’il n’avait perdu la vie en Allemagne, le chef de brigade (colonel) Jean-Baptiste Doré aurait sans aucun doute accédé aux étoiles de général sous le Premier Empire. Il n’est pas né à « Troisfontaines en Champagne », comme l’indiquent ses états de services, mais à Sexfontaines, le 29 janvier 1750. Fils de laboureur, il s’engage à l’âge de 20 ans dans les cuirassiers du roi. Sa carrière est très honorable, puisque d’extraction roturière, il parvient à être nommé officier en 1786, et reçoit même l’insigne privilège d’être le porte-étendard de son régiment, cantonné à Arras au moment où éclate la Révolution française.
A Valmy et Fleurus
Son régiment devient le 6e puis 8e de cavalerie, seul de l’arme à porter la cuirasse. Passé lieutenant, le Haut-Marnais est de toutes les premières campagnes de la République : en Belgique, à Valmy, en Allemagne. Au cours de la campagne du Palatinat, à l’occasion d’une reconnaissance, le lieutenant Doré se distingue en chargeant un détachement de hussards prussiens. Capitaine en août 1793, il se bat à Hondschoote, à Fleurus. Puis, élu par ses pairs chef d’escadrons (commandant) en juillet 1794, Jean-Baptiste Doré entre avec ses cavaliers en Hollande en septembre 1794, avant de passer successivement la Meuse, la Roër, enfin le Rhin.
Quand son chef de corps, Despret, est nommé général de brigade en juillet 1795, c’est en raison de son ancienneté – et de sa bravoure – que le Haut-Marnais lui succède comme chef de brigade, c’est-à-dire comme colonel. Il a 45 ans.
Sambre-et-Meuse
Bien avant l’Empire, les troupes françaises n’ont cessé de conquérir des territoires, tout à leur volonté d’exporter les idéaux de la Révolution. C’est par exemple durant cette période que la Belgique a été annexée par la République, véritable casus belli pour le Royaume-Uni qui, dès lors, poursuivra la France de sa haine – ce qui, plus tard, bien plus tard, aboutira à la défaite de Napoléon. Mais nous n’en sommes pas encore là, en 1795. A la tête du 8e régiment de cavalerie, Jean-Baptiste Doré fait partie de la célèbre armée de Sambre-et-Meuse, qui a les plaines et forêts allemandes pour terrain de chasse. Le 6 août 1796, le général Kléber, commandant en chef cette armée, livre bataille à Altendorf, en Bavière. C’est une victoire. Mais à quel prix : un coup de biscaïen – une arme à feu de cette époque – tue le chef de brigade Doré. « Ce digne et brave officier emporte les regrets de toute l’armée », assure l’historique du 8e régiment de cuirassiers, qui a pris la suite du 8e de cavalerie. Jusqu’à la parution en 2021 d’un article dans Racines haut-marnaises, la revue du Cercle généalogique de Haute-Marne, aucun écrit n’avait rendu hommage à ce cavalier. Réparation a été faite.
Lionel Fontaine
Source principale : états de services de Jean-Baptiste Doré consultés à Vincennes.