Un défi permanent – L’édito de Patrice Chabanet
La France n’en aura donc jamais fini avec le dossier corse. La mort d’Yvan Colonna nous y replonge. Elle a mis au jour de sérieuses défaillances dans notre appareil judiciaire. Comment un extrémiste islamiste a-t-il pu s’attaquer au nationaliste en toute impunité dans un environnement censé être très surveillé ? Le gouvernement a promis que toute la lumière serait faite. On verra. En attendant, les dégâts politiques sont patents. Yvan Colonna est désormais présenté comme un patriote, « victime de l’Etat français ». Un tour de passe-passe rhétorique pour nous faire oublier l’assassinat du préfet Erignac, abattu de manière ignoble en pleine rue.
Pour apaiser les tensions le gouvernement risque donc de se montrer très conciliant dans les négociations sur l’autonomie de l’Ile de Beauté. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Dès l’autonomie octroyée, les indépendantistes et les autonomistes repartiront au combat et réclameront l’indépendance. Raymond Barre avait anticipé : « Si les Corses veulent leur indépendance, qu’ils la prennent ». Pour le savoir, un référendum pourrait nous donner la réponse en plaçant les Corses au pied du mur de la démocratie. Les sondages ont produit des résultats trop contradictoires.
Au cas où le camp de l’indépendance l’emporterait, il faudrait en tirer les conclusions, toutes les conclusions, notamment sur le plan budgétaire. Sans parler de l’intégration d’un territoire de 350 000 habitants dans l’Union européenne. Un parcours du combattant autrement plus difficile que le maintien dans la République française, malgré les erreurs et les insuffisances de l’Etat et des gouvernements qui se sont succédé. On peut d’ailleurs se demander si l’attachement de la France pour la Corse ne tient pas aussi à des raisons sentimentales et historiques. Pas évident de se séparer de la terre qui a vu naître un Français hors pair, Napoléon.