Un Dancevoirien à l’assaut d’Ouistreham
Depuis 2015, nos lecteurs savent qu’il n’y eut pas deux mais trois Haut-Marnais de naissance ou d’adoption à avoir pris pied sur la plage de Riva Bella, le 6 juin 1944. Décédé à Chaumont en 1988, François Voirin, alias Abel Lardennois, n’a vu son glorieux passé découvert que tardivement.
Né à Villey-le-Sec (Meurthe-et-Moselle) en 1917, François Voirin a vécu à Vaucouleurs, dans la Meuse, avant de s’engager dans l’armée. Sergent-chef, prisonnier évadé en 1940, il rejoignit Nancy où il s’était marié avant de passer en Espagne et de s’engager dans les Forces navales françaises libres. En qualité de maître fusilier (sergent-chef), celui qui a pris le nom de guerre d’Abel Lardennois était adjoint au chef de la « troop 1 », lieutenant Guy Vourch, du 1er bataillon de fusiliers-marins commandos. Il côtoyait, dans cette même section, un autre sous-officier aux attaches haut-marnaises : le sergent Jacques Sénée, dont l’épouse était alors réfugiée dans sa famille à Champcourt, près de Colombey-les-Deux-Anglais. Quant au Chaumontais François Andriot, qui avait quitté la Haute-Marne pour la France libre avec son camarade Charles Husson, il appartenait à la section de mitrailleuses K-Guns.
Un officier
C’est au moment d’aborder la plage de Riva Bella, devant Ouistreham (Calvados), à l’aube du 6 juin 1944, que le petit bataillon de 177 ou 178 combattants (selon les sources), entré dans la légende sous le nom de son chef, le capitaine de corvette Philippe Kieffer, a subi de lourdes pertes. Le lieutenant Vourch ayant été blessé, c’est le sergent-chef Lardennois qui a pris le commandement de sa section, prenant part aux combats contre le fameux casino.
Promu officier (enseigne de vaisseau), Abel Lardennois devait être blessé accidentellement avant la campagne de Hollande puis quitter la vie militaire. Dès lors, sa trace avait été perdue. C’est en 2015 que des passionnés d’histoire, Dominique Renard et Jean-Christophe Rouxel, l’ont retrouvée.
A Villiers-le-Sec puis Dancevoir
Redevenu François Voirin, ce héros très discret travaillait en Haute-Marne sur le camp de Semoutiers depuis 1956. Domicilié à Villiers-le-Sec, il s’était retiré à Dancevoir en 1965. Il y a vécu jusqu’à son décès à Chaumont le 14 septembre 1988. Son épouse l’a rejoint trois ans plus tard. De très précieux documents concernant ce héros du Jour J ont été retrouvés par les nouveaux propriétaires de sa demeure, qui les ont remis solennellement au musée des fusiliers-marins de Lorient, à Dancevoir, le 19 juin 2015. Depuis, le village n’oublie pas son glorieux concitoyen.
Lionel Fontaine