Un couple de chouettes fait reculer des travaux
Les travaux de réfection du pont de Charmes sont repoussés de cinq mois après la découverte d’un couple de chouettes Effraie nicheur sous le tablier. Le Conseil départemental a pris en considération la présence de ce couple.
Les travaux de réfection du pont de Charmes auraient dû être lancés cette semaine. Il s’agit d’un pont qui enjambe l’ancienne ligne SNCF désaffectée entre la gare de Langres et celle d’Andilly. Une ligne qui longe tout le lac de Charmes. Et ce pont, situé entre les deux principaux bassins du lac ne peut supporter qu’une charge allant jusqu’à 7,5 tonnes.
L’objet du chantier est de revoir totalement l’ouvrage afin de laisser passer des camions bien plus lourds. En effet, le Conseil départemental a en prévision de faire des travaux sur un autre pont qui d’ailleurs lui est parallèle. En effet, le service Routes du conseil Départemental souhaite intervenir sur celui de la D74 (Langres-Montigny-le-Roi) qui traverse le lac de Charmes. Et lors de ces travaux, il sera nécessaire de mettre en place une déviation qui devra passer par le pont.
Le Conseil départemental travaille étroitement avec le Conservatoire régional des espaces naturels de Champagne-Ardenne. Le conservatoire est intervenu par exemple sur le pont d’Essey-les-Eaux (notre édition de vendredi 6 mai) afin de laisser quelques failles sous les voûtes pour les chauve-souris. Dans le cas du pont de Charmes, le conservatoire a fait également une visite de l’ouvrage en décembre.
«Le Conservatoire cherchait surtout la présence de chauve-souris. Et il a découvert la présence de pelote dans une cavité sous le pont», annonce Julien Souflot, de la Ligue de protection des Oiseaux (LPO), spécialiste de la chouette Effraie. Une nouvelle visite, il y a quinze jours confirme la présence d’un couple.
Pour sa part, le Conseil départemental suit les recommandations de la LPO et du Conservatoire. Les échanges aboutissent à prendre la décision de reporter les travaux du pont. «On fait déjà des fauchages retardés sur les routes du département», fait remarquer Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental.
Mesures compensatoires
Pour ce dernier, la prise en compte de la faune et d’une manière de l’environnement dans le cadre de travaux devient de plus en plus importante. «Nous avons par exemple fait un contournement dans un mur de soutènement à Forcey pour préserver la présence d’un arbre remarquable», ajoute-t-il.
«Cela peut choquer les gens lorsque l’on stoppe des travaux pendant cinq mois pour un couple de chouettes», reconnaît Nicolas Lacroix. Mais c’est tout à l’honneur de la collectivité. La chouette effraie fait partie de ces oiseaux en déclin. «Nous avons demandé à la Dreal une dérogation pour la destruction d’une espèce protégée, ce qui est possible si c’est motivé et que l’on trouve des mesures de compensation. La destruction concerne le site de nidification», souligne Julien Souflot.
Les mesures de compensation vont s’atteler à aménager un nid un peu plus loin. «Il n’était pas possible techniquement de créer une cavité dans le nouvel ouvrage», précise Julien Souflot. Pendant ce temps, le Conseil départemental laissera roucouler le couple d’amoureux jusqu’à l’envolée de la nichée espérée…
Philippe Lagler
p.lagler@jhm.fr