Un concours d’éloquence rythmé par la bonne humeur
Pour célébrer la semaine de l’intégration, un concours d’éloquence inédit, organisé par l’AATM a été organisé lundi, avec cinq personnes réfugiées primo-arrivants. C’était l’occasion pour eux de pouvoir s’exprimer au théâtre Michel-Humbert sur le thème de l’intégration.
Plus de cent personnes sont venues assister à ce concours d’éloquence avec cinq candidats primo-arrivants, depuis moins de cinq ans, en France. Ils ont préparé non seulement leur propre discours mais aussi l’exercice de prise de parole en public. En seulement huit séances préparatoires, avec Marion Sancellier de la compagnie Préface, le résultat des discours, portés à voix nue était bluffant. Aussi, une vraie solidarité entre les candidats, pourtant en compétition les uns contre les autres, montraient des liens tissés au fil de cette préparation en groupe.
Donc, après tant d’efforts pour écrire en français, une langue étrangère pour eux, de courage pour rester assidus du début jusqu’à la fin de la préparation et venir présenter sur scène leur travail, les cinq candidats ont partagé avec le public leur discours. Des discours qui exprimaient pour chacun leur vision de l’intégration. Sujet ô combien pertinent pour eux qui connaissent la réalité de l’exil et l’arrivée dans un nouveau pays, loin de leur famille et de leurs amis.
« Pour moi, l’intégration signifie le respect mutuel entre les différences (…) c’est l’appréciation de la diversité au sein de la société », affirme Ammar, d’origine soudanaise, en France depuis 2022. D’origine afghane et arrivé depuis un an, Noor Ahman aborde le sujet de l’intégration avec humour : « Je ne comprenais pas ce mot « intégration » alors j’ai demandé à Google mais malheureusement Google m’a donné la réponse « va-t-en d’ici, moi je ne sais pas non plus ! ». Et ce trait d’humour n’a pas manqué de faire rire le public. D’ailleurs son discours décalé et sa prestance, très à l’aise sur scène, a suscité une ovation du public.
Adama, en France depuis cinq mois seulement, a introduit sa plaidoirie par une musique traditionnelle de son pays le Burkina Faso : « L’intégration, c’est cette chanson que j’ai choisie pour vous. C’est être ensemble pour mieux avancer et être protégé ».
Et Jean-Clément, en France depuis juin, d’origine rwandaise, était le dernier candidat à passer. Son discours humaniste a laissé la salle en émotions : « L’intégration c’est le chemin vers le bonheur pour faire union avec les autres », a conclu Jean-Clément.
Ce premier concours d’éloquence organisé par l’AATM a été pensé comme un spectacle rythmé de petites pauses pour laisser le temps au jury de délibérer après chaque discours. Des capsules vidéos, de courtes chorégraphies de hip-hop et des exercices de virelangue ont été proposés au public, ravi de s’essayer aux techniques pour améliorer son élocution. Un concours d’éloquence, touchant de sincérité et de justesse. Un spectacle riche d’humanité. Une première, à renouveler sans aucun doute.
Christelle Faieta