Un chevalier du ciel : Marcel Feierstein
Originaire d’Anrosey, le commandant Feierstein a été, dans l’histoire de l’armée française, un des premiers sous-officiers à avoir été attachés à l’aéronautique, avant la Première Guerre mondiale.
Entre 1910 et 1912, pas moins de six Haut-Marnais ont figuré parmi les premiers citoyens du monde à avoir décroché leur brevet de pilote. Le précieux sésame était alors délivré par l’Aéro-club de France. Trois de ces premiers aviateurs étaient des civils : Georges Collin, de Manois, les frères Louis et Paul Lenfant, de Saint-Dizier. Trois étaient des militaires : le capitaine Médéric Burgeat, de Chevillon, le lieutenant René Marlin, de Chaumont, et le maréchal des logis Marcel Feierstein, d’Anrosey.
S’il est né à Dijon le 29 septembre 1884, Marcel Feierstein était domicilié dans ce village de l’ancien canton de Laferté-sur-Amance lorsqu’il s’est engagé en 1902 dans un régiment de dragons. Originaire d’Alsace, son grand-père, Joseph, exerçait la profession de garde forestier à Anrosey. Son père, Joseph-Auguste, s’y était marié avec une jeune femme de la commune, Marie-Lucie Cherrey, et deux sœurs de Marcel y ont vu le jour.
Vols au-dessus du Maroc
Maréchal des logis de cavalerie, il a été rapidement séduit par l’aéronautique naissante. Lorsqu’il commence à pilote, à la fin de l’année 1911, il n’y a que deux années que Louis Blériot a réalisé son exploit retentissant : la traversée de la Manche. C’est d’ailleurs sur un avion Blériot que le Haut-Marnais se familiarise avec les commandes. Le 12 février 1912, il est breveté, le même jour que son ami Peretti ou un certain Charles Nieuport.
Le voilà affecté au Maroc, où il réalise des reconnaissances aériennes qui font régulièrement l’objet de comptes-rendus dans la presse de l’époque, en 1912 et 1913. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il rejoint la France, pour être affecté à l’escadrille BLC (pour Blériot) 5.
“Vieille tige”
On retrouve ensuite Marcel Feirstein dans l’escadrille MS (Morane-Saulnier) 37, où il passe successivement sous-lieutenant en 1915 puis lieutenant en 1916. Il commande même cette unité entre avril 1916 et décembre 1917. Avec elle, le Haut-Marnais remporte le 3 septembre 1915 une victoire aérienne non homologuée.
L’une de ses citations, en 1917, dira : « Le 11 juin, chargé d’une reconnaissance et ayant eu, dès le début, son avion atteint par des balles de shrapnells qui en compromettaient la tenue, a accompli entièrement sa mission dans une région très exposée au tir des canons spéciaux de l’ennemi. »
Nommé capitaine en 1917, chevalier de la Légion d’honneur, Marcel Feierstein poursuit sa carrière dans l’aviation et la terminera avec le grade de commandant de réserve, ayant notamment servi sur la base aérienne de Tours. Membre de l’association des Vieilles tiges (les pionniers de l’aviation française), il se retire dans le Maine-et-Loire et décède le 28 avril 1965.
Lionel Fontaine