Un chanoine qui fait danser !
Les murs ont la parole. Parmi le monde des hommes d’église, il est des personnalités originales, comme Jehan Tabourot… Un chanoine qui aimait la danse !
L’homme dont nous parlons aujourd’hui se nomme Jehan Tabourot. Il est né à Dijon en 1520, dans une famille de notables comptant des écrivains, architectes et musiciens. Il devient prêtre puis chanoine de la Cathédrale de Langres en 1547. Jehan est un homme de passions. C’est un esprit de la Renaissance, universel. Architecte, à la suite de la destruction par la foudre d’un clocher de la Cathédrale, il dessine les plans pour sa reconstruction. Politique, avec le Chapitre de la Cathédrale, il est du côté des Ligueurs catholiques contre les protestants, alors que le maire de la ville, Jehan Roussat, reste fidèle au roi dont le maigre pouvoir est contesté par les deux factions. Communicateur, il installe à Langres le premier imprimeur, Jehan des Preyz. Écrivain et poète, il publie des ouvrages sous l’anagramme Thoinot Arbeau. Le plus précieux, édité entre 1588 et 1596, est l’Orchésographie… « Traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre et practiquer l’honneste exercice des dances ». Dans un dialogue avec son disciple Capriol, le maître Arbeau, après avoir justifié la légitimité de la pratique de la danse aux yeux de la morale, décrit la danse guerrière, les batteries et sonneries accompagnant les soldats en marche et au combat. Capriol déclare n’avoir « auculne affection d’aller en la guerre » mais reconnaît que cela pourra servir pour défiler « par la ville de Lengres ». Il demande qu’on lui enseigne la danse récréative. Le maître présente alors, notées et illustrées, les danses pratiquées à l’époque. C’est un document unique pour les historiens et danseurs. On y trouve la célèbre pavane* « Belle qui tient ma vie », une pièce qui célèbre l’amour courtois entre un homme et sa bien-aimée. Source : Office de Tourisme.*Pavane : danse de cour lente, près du sol et exécutée par des couples disposés en cortège.
De notre correspondante Angélique Roze