Un beau discours – L’édito de Patrice Chabanet
La conviction est là. Le talent aussi. Volodymyr Zelensky a réussi (en distanciel) son examen de passage devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Les horreurs mises au jour à Boutcha ne pouvaient que donner crédit à son discours. Documents photographiques à l’appui, l’emblématique président ukrainien a plaidé pour l’exclusion de la Russie du Conseil de sécurité. Une demande qui a bien peu de chances d’aboutir. Cette impuissance fait la force de Poutine. Son armée détruit et massacre en toute impunité. On l’a vu à Marioupol, réplique de la guerre en Tchétchénie. Rien de nouveau sous le ciel des méthodes poutiniennes. Les dénégations n’y feront rien, même si certains, en France aussi, recommencent à distiller le doute en insinuant que les déclarations de Zelensky et les photos doivent être prises avec des pincettes.
Quoi qu’il en soit, l’armée russe ne se laissera pas impressionner par les condamnations internationales. Sa priorité est d’effacer son échec initial provoqué par une résistance inattendue de son adversaire ukrainien. Tout laisse à penser qu’elle va concentrer ses efforts sur l’Est de l’Ukraine et que les civils auront tout à craindre d’une armée vindicative. Une fois de plus se posera la question de l’inertie de l’Occident au-delà des condamnations de principes. Elle est devenue inéluctable depuis l’engagement de l’Otan de ne pas intervenir militairement dans le conflit, grossière erreur de communication. On n’abat pas ses cartes devant un ennemi qui ne respecte pas les lois de la guerre. A moins qu’enfin ébranlé par l’ampleur des massacres l’Occident sorte de sa torpeur et de sa sidération. C’est ce qu’à l’évidence les Ukrainiens attendent de nous.