Un avant-goût de phase finale pour le CVB

Samedi 9 mars, le Chaumont VB 52 Haute-Marne s’est offert un succès de qualité face à Paris, au bout du suspense (2-3), dans une confrontation qui pourrait bien ressembler au prochain quart de finale des “play-off”, dans un peu plus de deux semaines : alléchant !

C’était un match qui devait sceller le sort d’une des deux équipes. Avec la victoire, le CVB 52 Haute-Marne pouvait éventuellement officialiser sa place de champion de la saison régulière. Dans le cas inverse, Paris avait, lui, l’occasion de fêter sa qualification en “play-off”. Au final, aucune des deux équipes n’a obtenu satisfaction, ce samedi 9 mars. Les deux ont certes fait un pas de plus vers leur objectif respectif de cette première phase, mais les victoires à trois points des Nantais (à Poitiers) et des Sétois (face à Tours) ont retardé l’échéance. Pourtant, au coup de sifflet final, aucune pointe de morosité n’était à signaler dans les deux moitiés de terrain. Il faut dire que de part et d’autre, les équipes venaient de conclure un duel de près de trois heures, qui n’avait pas fini d’enthousiasmer les près de 1 500 spectateurs qui avaient rempli la salle Pierre-Charpy. Complimentés dans les deux camps pour le grand spectacle proposé, les Chaumontais se contentaient volontiers de cette nouvelle victoire (2-3) à leur tableau de chasse, quand les Parisiens savouraient le point de consolation largement mérité pris face au leader.

De fait, les acteurs venaient de dérouler la parfaite “bande-annonce” pour les futurs “play-off” à venir, alors que les deux équipes pourraient très vraisemblablement se retrouver rapidement pour les quarts de finale du championnat, compte tenu de leurs classements actuels. Elles avaient surtout mis en lumière tout le suspense qui pourrait envahir l’ensemble des duels à venir, y compris entre le leader et le huitième du championnat.

Niko Suihkonen au bout du suspense

Depuis le 5 décembre et la nette victoire du CVB 52 au match aller dans son Palestra (3-0), les choses ont évolué côté cévébiste et parisien. Preuve en est ce duel qui a débuté, dès le premier échange, sur les chapeaux de roue, avec un “rallye” qui alliait immédiatement la puissance des attaquants aux défenses héroïques. Le ton était donné, sans que l’on puisse se douter qu’il n’allait jamais baisser d’intensité durant cinq sets.

C’est pourtant avec un “sept” inattendu que les Chaumontais entamaient la partie, sans Victor Cardoso, préservé pour une douleur à l’épaule. Comme si Silvano Prandi avait prévu qu’il aurait besoin un peu plus tard de son Brésilien “aérien” pour remettre du gaz dans son collectif. Pas si évident au vu d’un premier set de très grande qualité du CVB 52, avec son duo “Sestan/Suihkonen” parfaitement en phase avec les objectifs fixés.

Sauf qu’en face, Paris avait décidé de mettre des ingrédients similaires pour répondre au leader : Qualité de service, ligne de contre compacte, défense de fer et puissance d’attaque. Pouvaient-ils simplement tenir la cadence sur la durée, avec un effectif un peu moins dense ? Ils ont fourni la réponse en tenant la dragée haute à leurs adversaires durant cinq manches. Dont un “tie-break” en mode “canonniers” de part et d’autre du filet, avec 32 ballons distribués à l’attaque dont deux seulement donnés aux centraux (pour les Parisiens Maase et Wetter, aucun pour les Chaumontais). Pour le reste, la parole était aux artilleurs de “bout de filet” ou aux “trois mètres”, comme si la répétition des sauts n’avait aucun impact sur leur énergie. Celle de Niko Suihkonen au bout du suspense se révélait finalement la plus efficace.

Le symbole d’une équipe aux ressources mutiples : un coaching gagnant de Silvano Prandi qui fait rentrer le Finlandais pour les derniers ballons ; la lucidité de Joseph Worsley qui n’hésite pas à faire l’impasse sur ses meilleurs attaquants (Indra et Cardoso) pour surprendre les Parisiens ; et le mental de Niko Suihkonen qui ne tremble pas sur son attaque et son “ace” final. Des détails sur trois heures de match c’est vrai, mais qui font toute la différence.

Laurent Génin

l.genin@jhm.fr

Gros plan… sur Michael Marshman

« Nous avons encore progressé »

jhmquotidien : Avez-vous pris du plaisir ce soir ?
Michael Marshman (central du CVB 52) : « On a vécu un vrai beau match de volley, avec beaucoup d’intensité et de spectacle. Notre adversaire a été à la hauteur de ce rendez-vous et c’est ce qui a permis cette rencontre passionnante. Avec beaucoup de qualité au service et de nombreuses défenses, le public a pu s’enthousiasmer. Ce n’est pas la première fois que je vois à Paris des tribunes pleines et une telle animation. C’est très plaisant, même lorsque l’on est dans la moitié de terrain visiteuse. C’était une belle soirée, avec la victoire au bout pour nous. »
jhmquotidien : Qu’est ce qui a fait pencher la balance en votre faveur ?
M. M. : « La qualité de service fut encore une des clés de ce match, même si, finalement, tout s’est joué sur quelques détails. Mais notre faculté à toujours trouver des solutions quand le scénario tourne un peu moins bien pour nous reste une de nos forces principales. On arrive à rester “focus” sur nos objectifs. Je pense que nous avons encore progressé collectivement ces dernières semaines. »
jhmquotidien : Des solutions sur le terrain, comme sur le banc…
M. M. : « C’est un peu notre marque de fabrique. On l’a vu avec l’entrée de Victor (Cardoso), mais également avec le retour de Niko (Suihkonen) en toute fin de match. Cela faisait un moment qu’il n’avait plus joué et ce soir, il se transforme en joueur décisif. C’est bien pour lui, mais c’est surtout bien pour tout le monde, car on sait que si quelqu’un arrive sur le terrain, on peut compter sur lui. »
jhmquotidien : Pour la première place, il faudra cependant encore attendre un peu avant de la fêter…
M. M. : « C’est notre objectif de fin de saison ! On savait qu’avec trois points ce soir, notre place de leader serait officielle. On en prend deux, il nous en manque donc plus qu’un qu’on va tenter de récupérer dès la semaine prochaine face à Montpellier. Chez nous, ce sera encore plus beau de fêter ça ! »
jhmquotidien : Paris est aussi l’équipe que vous pourriez affronter en quart de finale des “play-off”. Qu’est ce que cela vous inspire ?
M. M. : « Cela montre bien combien la tâche risque d’être difficile lors de la deuxième phase, quel que soit l’adversaire. Cette équipe n’a rien à voir avec celle du début de saison : autant dire que le “Top 8” sera de qualité en fin de saison régulière. Mais nous avons encore un peu de temps avant d’y penser. »

Recueillis par L. G.

Le jeu et les joueurs du CVB 52

Joseph Worsley en moteur

HOMME DU MATCH : Joseph Worsley (0 att., 1 cont., 0 ser., 4 fautes dir.) : L’Américain illumine constamment le jeu de son équipe. Au-delà de son talent et de ses qualités, c’est son sens du jeu qui transpire de match en match. Il connaît ses coéquipiers, sait quand il doit les ménager, les solliciter, les remettre en confiance… Il est le moteur de ce collectif cévébiste.

Michael Marshman (4 att. sur 7, 2 cont., 1 ser., 1 faute dir.) : Dans ce match d’attaquants, le central chaumontais a su prendre son mal en patience. Beaucoup moins sollicité que les “bouts de filet” offensivement (à l’image des deux derniers sets sans le moindre ballon d’attaque), l’Américain s’est concentré sur son travail au contre et au service, avec réussite.

Niko Suihkonen (7 att. sur 26, 0 cont., 2 ser., 2 faute dir.) : Le Finlandais a débuté la rencontre sur les chapeaux de roue, mais a connu ensuite une petite baisse de régime offensive. Son retour en fin de cinquième set fut, en revanche, brillantissime, puisqu’il a conclu
magnifiquement le duel sur une attaque et un “ace”.

Patrick Gasman (4 att. sur 8, 2 cont., 2 ser., 6 fautes dir.) : L’Américain enchaîne les bonnes prestations. Impressionnant au filet et efficace au service, il est devenu une arme précieuse pour son équipe.

Filip Sestan (3 att. sur 15, 3 cont., 2 ser., 2 fautes dir.) : Le Croate est suffisamment crédible pour brouiller les pistes offensives. Ses qualités au service, en réception et même au contre en font un élément précieux pour le collectif, même si, dans ce match, l’équipe a eu besoin d’un peu plus d’impact au filet en deuxième partie de rencontre.

Sebastian Closter (libéro) : L’Argentin s’est montré plutôt constant en réception et a effectué quelques gestes défensifs de classe. On peut peut-être lui reprocher certains ballons moins maîtrisés, mais en face, la puissance était vraiment d’actualité côté parisien.

Patrik Indra (19 att. sur 43, 1 cont., 1 ser., 6 fautes dir.) : Le Tchèque a, certes, manqué de constance tout au long du match, avec un début de match tonitruant, puis une baisse d’efficacité. Mais comme souvent dans ces rendez-vous “longue durée”, il est revenu plus fort en fin de match.

Victor Cardoso (13 att.. sur 29, 1 cont., 1 ser., 3 fautes dir.) : Sur le banc au coup d’envoi (gêne à l’épaule), le Brésilien a été nécessaire pour retrouver plus d’impact au filet et au service. Une entrée de nouveau convaincante pour le Chaumontais qui a offert une
nouvelle dynamique à son équipe.

Tom Liot : Le passeur est entré dans les moments délicats pour offrir un nouveau souffle au collectif.

Pierre Tolédo (1 att. sur 2, 1 faute dir.) : L’attaquant cévébiste a pris le relais de Patrik Indra pour quelques minutes, sans véritablement offrir une solution crédible.

Théo Durand (libéro) : Une entrée en jeu dans le quatrième set pour soulager Sebastian Closter avant le “tie-break” qui se profilait.

L’adversaire

Nikola Matijasevic (entraîneur de Paris) : « On n’a pas à rougir de cette défaite ! On a tenu tête face à la meilleure équipe du championnat. Mes joueurs se sont vraiment bien battus, on aurait même pu remporter ce match, mais Chaumont a parfaitement géré les moments importants, avec parfois un brin de réussite. Il faut dire que cette équipe haut-marnaise a des solutions que nous n’avons pas sur le banc. Quand un joueur est moins bien, un autre peut prendre le relais. On l’a vu sur la fin de rencontre, avec le retour de Niko Suihkonen. Nous ne sommes pas encore officiellement en “play-off”, mais ce point nous fait du bien. On va essayer de confirmer cela la semaine prochaine. »

Le fait du match

Le volley en sort grandi

Près de trois heures de jeu, un match à haute intensité, des échanges à rallonge, des points superbes, des joueurs de classe internationale, du suspense, et une salle pleine : le volley-ball français a été formidablement servi par les deux équipes chaumontaise et parisienne, ce samedi 9 mars. Les avis étaient unanimes dans les deux camps au coup de sifflet final : si ce sport ne tolère pas le partage égal des points en fin de rencontre, c’est bien le volley qui est d’abord sorti gagnant de cette partie.
Un enthousiasme et du plaisir qui se sont naturellement propagés du terrain aux tribunes, où le public parisien avait de nouveau répondu présent en masse. Tout comme la centaine de supporters chaumontais qui n’ont pas ménagé leurs encouragements. Le tout orchestré par un speaker dynamique, jamais omniprésent, pour un spectacle qui ne s’est jamais essoufflé samedi soir.