Un atout essentiel – L’édito de Patrice Chabanet
En période de crise, la culture est souvent reléguée au second rang. L’urgence se focalise sur tout ce qui est matériel. La gestion du covid-19 n’échappe pas à cette relégation. On peut le comprendre. Tout gouvernement doit assurer l’ordinaire de la vie quotidienne : sécurité alimentaire, maintien de tout ou partie des revenus des salariés ou des petits commerçants. En l’occurrence s’ajoute bien sûr la mise en place de tout un dispositif pour contrer la propagation de la pandémie.
Sauf à considérer la culture comme un supplément d’âme, la mise à l’arrêt de ce secteur est grave. Il y a bien sûr le chômage forcé de plus d’un million de personnes. Il y a aussi la stérilisation d’un élément essentiel de notre identité. Comment définir la France et ce que nous sommes sans prendre en compte notre culture ? De la littérature au théâtre, en passant par le cinéma, la peinture et la sculpture, pour ne citer que ceux-là, c’est une foule de créateurs qui nous aident à comprendre le monde qui nous entoure. On peut parier, sans risque de se tromper que d’ici à quelques mois ou quelques années, il se trouvera un écrivain, un metteur en scène ou un homme de théâtre pour nous expliquer ce que nous vivons, pour le placer dans un contexte et, donc le mettre en perspective. Beaucoup n’attendront pas la fin du confinement pour faire œuvre de création avant même de le partager avec un public.
Visiblement, Emmanuel Macron veut fournir un ballon d’oxygène à un secteur totalement asphyxié, pour ne pas dire en mort clinique. Tout dépendra, in fine, des mesures concrètes qui seront prises. La culture ne se résume pas à de grandes signatures ou à des célébrités. Elle fait vivre une foule de métiers, à commencer par les intermittents du spectacle ou les directeurs de petits théâtres. Ils ont besoin de l’Etat, donc de nous, pour retrouver leur respiration. Mais nous aussi nous avons besoin d’eux pour nous régénérer dans un monde tourbillonnant.