Un air de rock star – L’édito de Patrice Chabanet
C’est à qui pourra le toucher, lui tenir la main et, bonheur suprême, le prendre dans ses bras. Volodymyr Zelenski est devenu la rock star de la démocratie. Un tourbillon de rencontres avec les plus hauts responsables de la politique européenne. On ne peut être qu’ébahi par un personnage de roman passé, en quelques mois, du statut de comédien à la stature d’homme d’Etat. Ce passage sans transition de la fiction à la réalité du pouvoir n’est pas sans rappeler le parcours du Tchèque Vaclav Havel à la chute du communisme, sautant de la case d’opposant à celle de président de la République. Sauf que Zelenski a ajouté, malgré lui, une corde à son arc. Il a dû se transformer en chef de guerre.
Il lui a fallu intégrer les codes en vigueur dans les relations internationales. La diplomatie a des règles qui s’apparentent aux jeux d’acteurs, sans jamais s’en affranchir complètement. Zelenski remercie les Occidentaux pour leur soutien. Mais dans le même temps il leur parle cash pour leur demander des avions et des missiles de longue portée. Il les presse, convaincu qu’il est prisonnier d’une course de vitesse dans laquelle les Russes jouent la loi du nombre avant l’arrivée d’armements décisifs chez les Ukrainiens.
On a l’impression, mais ce n’est qu’une impression, que son message et ses alertes finissent par infuser chez ses alliés occidentaux. Chez les plus proches voisins de l’Ukraine, la Pologne et les Etats baltes, le totalitarisme russe n’est plus une présomption, mais une certitude. Zelenski et son peuple le ressentent dans leurs tripes.