Un air de printemps – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un « nouveau Front populaire ». Carrément. Jean-Luc Mélenchon n’y va jamais avec le dos de la cuillère, lorsqu’il s’agit d’haranguer les foules et/ou de tirer la couverture à lui. C’était encore le cas ce dimanche, pendant la marche « contre la vie chère et l’inaction climatique ». Le chef de file de La France insoumise s’est même risqué à parler de « grande conjonction », avant une autre manifestation qui aura, elle, lieu ce mardi, sous bannière syndicale cette fois.
Alors succès ou manif qui fait pschitt ? La Nupes revendique 140 000 participants. La police, selon la formule consacrée, 30 000, dans les rues de la capitale. Mais l’important n’est pas là, finalement. L’essentiel est plutôt dans le bilan global qui pourra être tiré de ces deux journées d’action. Et comment le gouvernement répondra à la colère.
La manifestation de ce dimanche était politique. Celle de ce mardi sera sociale. Et les syndicats ont justement assez peu goûté l’initiative de la Nupes. Ils ont l’impression qu’on est venu leur voler la légitimité de la contestation. L’exécutif tentera sans nul doute d’en jouer pour étouffer l’initiative dans l’œuf. Reste qu’il souffle bel et bien dans notre pays un vent de colère, attisé par le concret. Le quotidien. De l’envolée des prix au triste épisode des files d’attente dans les stations-service pour un carburant qui se fait rare (et cher), voilà deux motifs d’espoir – si l’on peut dire – pour la Nupes, qui voit en cette mi-octobre l’espoir d’un nouveau… printemps social. Et ne se gênera pas pour souffler sur les flammes. Rêve mélenchonesque qui vire à l’utopie ou risque réel d’embrasement de la rue ? Le gouvernement, pour le coup, marche sur des œufs.