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Ukraine : les inconnues autour de l’agriculture vues par un agriculteur haut-marnais

L’exploitation se trouve à quelques kilomètres du territoire séparatiste.

International. La guerre en Ukraine déclarée par Vladimir Poutine aura forcément des conséquences sur les activités agricoles et commerciales du pays. Jean-Paul Kihm, implanté là-bas, avoue en ignorer la portée. Il pense aussi à ses 80 salariés qui pourraient être mobilisés au front.

La situation en Ukraine évolue d’heure en heure et ce qui est valable aujourd’hui ne l’est pas forcément demain. Via la société AgroKMR, Jean-Paul Kihm y est présent avec trois associés haut-marnais depuis 2003. Ils cultivent là-bas 20 000 ha et emploient 80 salariés.

Mi-février, Jean-Paul Kihm témoignait d’un paradoxe entre « l’agitation diplomatique et la réalité sur le terrain ». Les terres de la société se situant à l’est de l’Ukraine, à 700 km de Kiev et précisément à Dniepropetrovsk, la troisième ville du pays. Elles sont à 70 kilomètres du territoire administratif du Donbass et pas très loin de sa zone séparatiste.

Evolution heure par heure

Jusqu’à présent, selon l’agriculteur de Rochefort-la-Côte, le fonctionnement de l’exploitation en termes de production ou de commercialisation n’avait pas changé. Il évoquait aussi les services bancaires qui étaient efficients ainsi que le secteur tertiaire et, chose importante pour son activité, le commerce des pièces détachées.

Et alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’était pas « le sujet du jour » au milieu du mois, les derniers événements inquiètent davantage. Jean-Paul Kihm reste néanmoins très mesuré. Faute d’avions pour se rendre là-bas, il est en contact permanent avec le directeur de la société qui est sur place.

Son inquiétude vient surtout du côté de ses salariés qui, avec la mobilisation générale, pourraient rejoindre les casernes. Il se souvient qu’en 2014, lors du premier conflit dans la zone du Donbass, l’un de ses ouvriers est mort au front.

Hostilité de Poutine

Pour l’instant, tout en restant attentif aux évolutions, la structure poursuit ses activités. Il se dit qu’il est impossible de détruire une exploitation dans son intégralité même si les propos guerriers de Vladimir Poutine font froid dans le dos. Il se rassure : « le discours de Poutine est très hostile mais pas le peuple ».

Jean-Paul Kihm avoue que les attaques contre des points stratégiques de l’Ukraine auront forcément des conséquences. « Si nous nous retrouvons en territoire russe, je ne connais pas les conséquences. Simplement, ceux qui étaient en territoire séparatiste ont continué à produire sous embargo et tout était plus compliqué avec une généralisation du racket ».

Il termine : « il est compliqué de comprendre les tenants et les aboutissants géo-politiques de cette guerre ». Il le dit : « personne n’est dans la tête de Poutine qui mène deux fronts à la fois : le front diplomatique et le front militaire ». Il juge ses propos « glaçants ».

Frédéric Thévenin

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