Tuer pour tuer – L’édito de Patrice Chabanet
L’attaque au couteau à Sydney frappe d’abord par son ampleur : six morts. Un bilan impressionnant quand on sait que l’agresseur a agi seul et qu’il ne lui a fallu que quelques minutes pour accomplir son crime. Hier soir, au moment où nous mettions sous presse, on ne connaissait pas les motivations du tueur. Ce dont on est sûr, en revanche, c’est la multiplication d’attaques dont les cibles sont choisies au hasard. L’utilisation du couteau se comprend aisément : c’est une arme qu’on se procure plus facilement qu’un pistolet.
A partir de là, deux hypothèses : l’acte gratuit commis par un déséquilibré ou bien l’acte motivé par des considérations politiques ou religieuses. On peut imaginer une troisième possibilité : un kamikaze agissant pour le seul plaisir de tuer, une offre de service à moindres frais pour tout groupe terroriste.
La parade, on le devine aisément, n’est pas facile. Comment intercepter ces individus solitaires avant le passage à l’acte ? Sur le plan juridique, une intention supposée ne peut justifier une incarcération. On entrerait alors dans l’arbitraire. Il n’en demeure pas moins vrai que tout gouvernement est responsable de la sécurité de ses citoyens. La moindre défaillance peut passer pour du laxisme.
L’autre conséquence de ces agressions est la méfiance généralisée. Se déplacer dans la foule se transforme en prise de risques. Ne pas en parler pour éviter des vocations serait une fausse solution et ne pourrait qu’alimenter le pire des venins, la rumeur. Il faut s’habituer, hélas, à cette nouvelle forme de criminalité. C’est un signe des temps.