Tsonga passe au travers !
Jo-Wilfried Tsonga s’est fait éliminer sèchement, hier, par l’Espagnol David Ferrer (6-1, 7-6, 6-2), en demi-finale. Il n’y aura donc pas de Français en finale, trente ans après Noah. Ferrer affrontera le maître des lieux, Rafael Nadal, le septuple vainqueur.
Après le match des mutants entre Nadal et Djokovic, finalement remporté 9-7 au cinquième set par le Majorquin, Jo- Wilfried Tsonga est entré dans l’arène en fin d’après-midi sur un Central archi comble. Si la lutte entre Tsonga, 8e, et Ferrer, 5e mondial, avait un petit peu moins fière allure sur le papier, tous les Français commençaient à croire que le N°1 français, âgé de 28 ans, allait rejoindre la finale et pourquoi pas en sortir vainqueur, trente ans après Yannick Noah. Il n’en a finalement rien été.
Pour la première fois depuis Henri Leconte, finaliste en 1988, une éternité, un Français pouvait retrouver une finale sur son sol en Grand chelem. Sébastien Grosjean, Cédric Pioline et Gaël Monfils avaient été stoppés en demi-finale entre ce laps de temps interminable de 24 ans… Mais la malédiction des demi- finales pour les Français se poursuit et Tsonga, sans doute crispé par l’enjeu, est passé globalement à côté de son match (6-1, 7-6, 6-2). Le tournant de la rencontre a sans doute été la balle de set que le Manceau s’est procurée à 5-4 dans la deuxième manche, une occasion aussitôt effacée par Ferrer, le discret, qui ne l’a pas été hier sur le court. Tsonga avait d’ail- leurs le break d’avance (3-0). Au jeu décisif, perdu 7-3, Tsonga a une nouvelle fois multiplié les erreurs face à un roc du fond de court, un véritable métronome qui a donné très peu de points au cours des deux heures de match et a dicté les échanges, devant un public médusé.
Trop de fautes
Après deux sets, le Français avait déjà commis plus du double de fautes directes de son adversaire et à la fin du match, il en compte 56 contre 21 petites pour le »Pou » qui n’est pas surnommé ainsi par hasard. Breaké quasiment d’entrée de troisième manche, la messe était dite. Ferrer, qui a repoussé très loin les limites de son physique passe-partout, avec énormément de travail, est donc en finale, pour la première fois de sa vie, contre Nadal, pour une- première finale en Grand chelem. Il n’a d’ailleurs pas encore perdu le moindre set.
De son côté, le Français n’a pas du tout été à son niveau de la rencontre précédente contre Federer qu’il avait tout de suite pris à la gorge. Baladé sur le court par l’Espagnol, qui a été dans le Top 4, “Jo” a multiplié les fautes en tout genre, notamment lors du premier set rapidement bouclé. Sans doute inhibé par l’enjeu, devant un stade exclusivement acquis à sa cause mais qui n’a jamais pu s’enthousiasmer, le protégé de Roger Rasheed, qui avait beaucoup travaillé pour être en forme en deuxième semaine, a surtout craqué mentalement. Lui qui avait montré les épaules dès le départ contre Federer, s’est sur- tout fait remarquer par ses protestations envers l’arbitre sur des jugements de balle et de l’agacement.
Celui qui représentait l’espoir de tout un peuple, celui de rejoindre Yannick Noah comme vainqueur, trente ans après, a échoué dans sa mission, hier, où il lui a manqué trop de choses. Il a tout de même effectué un beau parcours, lui qui est le dernier Français en lice depuis l’élimination de Gasquet en huitièmes de finale. Place désormais à la finale féminine, cet après-midi, à 15 h, entre les deux cogneuses, Serena Williams et Maria Sharapova, avant la finale du double hommes, avec Mahut/Llodra contre les frères Bryan. En espérant que l’issue soit meilleure que pour le N°1 français !
Nicolas Chapon