Tsonga franchit le premier col !
Le Français Jo-Wilfried Tsonga, huitième mondial, a frappé un grand coup, Porte d’Auteuil, en étrillant en trois petits sets la légende suisse, Roger Federer (7-5, 6-3, 6-3). Le Manceau, qui n’a toujours pas perdu de set, affrontera vendredi David Ferrer pour une place en finale.
Depuis plusieurs années, presque tous ceux qui suivent le circuit ATP de près savent que le Top 4 (Djokovic, Nadal, Murray, Federer) est quasiment indétrônable à l’heure actuelle. La mission s’annonçait donc compliquée pour le N°1 français, mené 9-3 dans ses confrontations avec l’homme aux 17 titres du Grand Chelem et aux 76 titres !
Mais avec ses allures de Mohamed Ali, qui donnait des coups puissants à tous ses adversaires, Tsonga a »marché » sur Federer, hier, quasiment du premier au dernier point. Avec trente points marqués au final, autant de coups gagnants et nettement moins de fautes directes, quatorze balles de break contre trois, sa victoire sur le Central enfin baigné de soleil, avec un public partagé, est plus que logique.
Le début de match est cependant à l’avantage du Suisse, qui breake le premier, sur sa première opportunité du set (4-2). Avant cela, »Jo » s’était procuré une première occasion, à 1-0 en sa faveur, aussitôt effacée d’un bon service de l’ex-N°1 mondial. A 4-2, le Suisse mène 40-15 mais il fait plusieurs fautes, notamment deux en coup droit et le protégé de Roger Rasheed recolle (4-4). Sur ses deux premières balles de set, l’Helvète réussit un bijou de passing du revers à une main en bout de course. Mais à 30-40, le Manceau profite d’une tranche en coup droit d’un Federer devenu fébrile pour mettre la manche dans sa poche (7-5).
S’appuyant sur une très bonne efficacité au service, Tsonga profite d’un très mauvais jeu de Federer, qui fait trois fautes grossières pour prendre les devants (3-0). Pour l’anecdote, le Suisse rate deux smashes, ce qui ne lui arrive quasiment jamais ! A 5-3, Tsonga plie l’affaire en jouant comme sur un nuage, agressant constamment son adversaire.
Federer asphyxié
Spécialiste des bois, hier, le Suisse donne à nouveau son service en début de troisième set, après une double faute. Mais Federer reste Federer et il recolle tout de suite (1-1). A 2-2, 30-30, Federer rate à nouveau un smash de coup droit, mais il sauve son service. Il fait le même dans le jeu suivant et sur une balle près du filet, Tsonga breake à nouveau, aidé par la bande du filet, la balle tapant involontairement le dos du Suisse. Tout un symbole ! A 5-3, Federer sauve une première balle de match avant de céder. Le plus fort, hier, était incontestablement le Français, qui accède en moins de deux heures, et sans avoir encore perdu de set, aux demi-finales. Le Suisse, toujours lucide, a déclaré en conférence de presse : «Jo a très bien joué. Je suis déçu. J’ai raté des smashes mais aussi beaucoup trop de choses. Avec ses premiers résultats, tout le monde disait que Jo était un spécialiste de dur. Peut-être qu’il comprend mieux les diagonales sur terre battue. Il a été plus agressif que moi dans des conditions un petit peu différentes des premiers tours.» Avant d’ajouter : «J’avais du mal dans tous les domaines. Il a mieux servi que moi. Je n’ai pas l’excuse du manque de matches car j’ai fait une finale à Rome. Si la météo s’améliore, et avec sa confiance, Jo peut aller plus loin.» C’est tout ce que la France du tennis, et au-delà, espère, trente ans après un certain Yannick Noah ! Dans les autres matches, David Ferrer, futur adversaire de Tsonga, s’est promené contre le fatigué Robredo. Chez les femmes, Sara Errani est en demi- finale pour la deuxième fois consécutive à Roland, contre la terreur Serena Williams, qui a eu une alerte dans le deuxième set contre la Russe Kuznetsova. Aujourd’hui, Novak Djokovic et Rafael Nadal partent favoris de leurs quarts de finales respectifs contre Haas et Wawrinka, le tombeur de Gasquet.
Nicolas Chapon