Trop tendres – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un France-Allemagne, ça sent (sportivement) toujours le soufre. Toujours. Mais sur l’échelle du temps, c’est surtout depuis 1982 que la rivalité entre les deux nations du football touche à son paroxysme, à chaque rencontre. Un fameux soir à Séville, en coupe du monde. Une victoire qui semblait acquise aux tricolores. Et une mâchoire brisée plus tard, une désillusion, après un match d’une dramaturgie restée dans les annales du sport. Quarante ans après, on se souvient encore de deux noms : Schumacher, Battiston. L’agresseur, la victime.
La demi-finale de l’Euro, côté féminin cette fois, entre les Bleues et les joueuses de la Mannschaft, revêtait d’autres enjeux. Loin de l’éternelle revanche. Heureusement. Mais il reste fort à parier qu’un France-Suède, par exemple, n’aurait ce mercredi soir pas autant passionné, poids de l’Histoire oblige.
Les joueuses de Corinne Diacre avaient surtout à coeur d’atteindre la finale, elles qui restaient bloquées depuis pas mal de temps au stade des quarts dans les grandes compétitions internationales. Avec la manière si possible, alors qu’elles évoluent toutes en club dans les meilleures formations mondiales. Ce mercredi, c’était continuer à rêver ou rentrer à la maison.
On est passé par toutes les émotions, pour malheureusement s’accorder sur un constat implacable : les Allemandes étaient trop fortes. Et techniquement, et dans l’impact. Les Françaises étaient trop justes, trop tendres. Elles ne verront pas Wembley. Retour en France, avec le triste sentiment qu’il reste encore beaucoup à accomplir, malgré un beau parcours.