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Trois tragiques journées en Haute-Marne (3) : le 29 août 1944

Les massacres de la vallée de la Saulx, non loin de Saint-Dizier, auront marqué à jamais la région, à la veille de l’arrivée des Américains dans le Nord de la Haute-Marne.

Louis Reiter, à Créancey, Odette Ferrière, à Chaumont, Georges Tardy de Montravel, à Nully. Habitants ou résistant, ils ont été abattus le 29 août 1944. Mais la libération est proche. A Saint-Dizier, on sait que les Américains viennent d’entrer dans Vitry-le-François. La cité bragarde sera leur prochain objectif. Alors, au soir, les maquisards rassemblés depuis plusieurs jours dans la forêt du Val commencent à se rapprocher des lisières de la ville, dans les environs de la ferme du Bois-l’Abbesse, tandis que d’autres volontaires quittent Saint-Dizier pour se joindre à eux. En fin de nuit, le canon tonnera, annonçant l’arrivée des libérateurs…

Non loin de là, une vallée pleure. C’est celle de la Saulx. Tout au long de cette horrible journée du mardi 29 août 1944, des éléments de la 3. Panzergrenadier-Division – non pas des SS, mais des soldats de la Wehrmacht – se sont livrés à d’inqualifiables crimes. Aux abords du massif de Trois-Fontaines où maquisards et parachutistes britanniques se sont fixés, ils tuent des habitants à Sermaize-les-Bains et Cheminon, dans la Marne, à Mognéville, et surtout à Robert-Espagne, Couvonges et Beurey-sur-Saulx, dans la Meuse. Au soir, le bilan est terrible : une centaine d’habitants fusillés ou abattus dans les rues.

« Massacre sans nom »

Quelques jours après ce tragique 29 août 1944, marqué également par la mort de plusieurs FTPF du maquis Mauguet à Aulnois-en-Perthois, le lieutenant Victor Thérin, commandant la compagnie du Val, devait rédiger un rapport dans lequel il écrivait notamment, à propos des crimes de Robert-Espagne :

« Partant de la place de la Poste et descendant par la rue de la Gironde, ils (Ndlr : les Allemands) entrèrent dans chaque maison en ordonnant à tous les hommes de se rendre devant la gare pour creuser des tranchées, faute de quoi, ils sanctionneraient en incendiant le pays. C’est ainsi qu’une cinquantaine partirent, soit seuls, soit avec escorte. Tous les autres hommes se sauvèrent dans les bois. Arrivés sur la place de la Gare, les Allemands placèrent tous ces hommes contre un talus et braquèrent sur eux des armes automatiques. Deux d’entre eux furent renvoyés chez eux comme trop âgés. Puis les SS (Ndlr : des soldats de la Wehrmacht) mirent un phonographe en marche et commencèrent à tirer sur les victimes en pointant d’abord sur les jambes, ils les achevèrent en tirant ensuite sans discontinuer sur les malheureux. Je précise qu’il a dû être tiré plusieurs centaines de cartouches, ayant vu moi-même toutes les douilles restées sur place. Dans ce massacre sans nom ont disparu cinq pères avec leurs fils. J’ai vu une jeune femme qui y a perdu son mari, son père et son frère… »

L. F.

Illustration : après le massacre de Robert-Espagne, où 50 hommes ont été fusillés le 29 août 1944. (Photo communiquée par Jean Perrin au club Mémoires 52).

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