Trois fois capturé, trois fois évadé : l’incroyable histoire de « Petit Louis »
Lazare Pytkowicz n’avait que 14 ans lorsqu’une partie de sa famille a été arrêtée en juillet 1942 et déportée à Auschwitz. Mais davantage que la victime, c’est le résistant, le « plus jeune Compagnon de la Libération » que Jean-Christophe Notin a voulu mettre en lumière dans son dernier ouvrage, sorti mercredi 10 janvier.
Avant d’être l’administrateur du compte X (Twitter) « Paroles de combattants de la Libération » aux 100 000 abonnés, Jean-Christophe Notin est d’abord et avant tout un auteur éprouvé et reconnu. En 24 années, l’homme a déjà signé une vingtaine d’ouvrages historiques, parmi lesquels les biographies remarquées des maréchaux Leclerc et Foch, une histoire du Corps expéditionnaire français en Italie ou, dans un autre registre, les missions des services secrets français.
Avec Petit Louis – sa première collaboration avec l’éditeur Grasset – qui sort ce mercredi, l’auteur revient à ses premières amours puisque jeune étudiant, il avait recueilli les témoignages de nombreux Compagnons de la Libération. Dont le plus jeune était précisément son « Petit Louis », Lazare Pytkowicz.
Clandestin
Né à Paris dans une famille juive polonaise, le petit Lazare n’avait que 14 ans lorsqu’il a été arrêté le 16 juillet 1942 avec ses parents et une sœur. Mais il a pu échapper à l’internement dans le Vel d’Hiv et connaître dès lors, en dépit de son jeune âge, la vie d’un clandestin à Paris, puis d’un résistant à Lyon.
Au sein des Mouvements unis de la Résistance (MUR), celui qui était devenu Louis Picot, ou tout simplement « Petit Louis », allait faire preuve d’une résolution et d’une audace exceptionnelles pour son âge. Lui qui a été associé à la préparation d’un projet d’évasion de Jean Moulin devait être arrêté par les policiers allemands le 24 octobre 1943, échapper à ces tristes sires, être de nouveau capturé – par la Milice française, cette fois – le 27 janvier 1944, puis encore s’évader en gare de Lyon le 14 juillet 1944, échappant ainsi au sort déjà réservé à tous les membres de sa famille*. Un parcours exceptionnel qui lui a valu d’être nommé Compagnon de la Libération à l’âge de 17 ans, seulement.
Les souvenirs et les archives
Cette vie extraordinaire d’un homme qui a perdu ses parents à Auschwitz et qui est décédé en 2004, Jean-Christophe Notin la raconte aujourd’hui dans un récit passionnant, fort bien écrit, sérieusement documenté. Avec délicatesse, l’auteur, qui s’est davantage intéressé au résistant plutôt qu’à la victime des persécutions antisémites, a su en effet suppléer la mémoire parfois capricieuse de « Petit Louis », captée au fil de riches conversations, par un recours bienvenu aux documents d’archives qui, toutes, attestent de l’incroyable audace de ce gamin de Paris devenu « le plus jeune Compagnon de la Libération ».
L. F.
Petit Louis. Le plus jeune Compagnon de la Libération, Jean-Christophe Notin, éditions Grasset, 224 pages.
* Avant la rafle du Vel d’Hiv, un frère et une autre soeur avaient été arrêtés et déportés, mais sont revenus d’Allemagne.